Des Gens et des Faits 44e partie

MERIEM

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Yasmina HANANE Publié 07 Août 2021 à 18:18

Résumé : En France, Amar tente tant bien que mal de survivre à ses peines. Meriem fait son possible pour le soulager et mettre du baume à ses plaies. Amar lui propose de passer les vacances d’hiver au bled. Ce qui ne l’emballe pas trop.

Sa seule consolation, c’était le bébé. Elle allait revoir son petit frère et le prendre dans ses bras. Comme il lui manque ! Le grand jour arrive. Les bagages en main, Amar l’accompagne à l’aéroport. Meriem devrait prendre l’avion avec une famille de son village. Un couple et leurs deux enfants, qui partent, tout comme elle, pour deux semaines. Ce qui arrange fort bien son père, qui est rassuré maintenant sur son compte. Meriem est entre de bonnes mains. Il n’a aucun souci à se faire à son sujet. Hamou et Drifa ne la quitteront pas d’une semelle, jusqu’à son arrivée à la ferme.
Le voyage se déroule dans de bonnes conditions. Le soir même, Meriem arrive au village. Houria, le front ceint d’un foulard, l’attendait sur le seuil de la maison. Sans trop d’entrain, elle se laisse embrasser et referme la porte derrière elle, en lui indiquant sa chambre.
- Va déposer tes affaires là-bas et reviens m’aider à préparer le dîner. Taos est rentrée chez elle pour le week-end et ne reviendra que dans deux jours. S’attendant un peu à l’accueil froid de sa marâtre, Meriem est tout de même déçue. Elle pensait que sa belle-mère ferait un effort pour enterrer la hache de guerre et lui permettre de passer deux semaines de vacances en paix. Il n’en sera rien. À peine arrivée, la voici déjà qui subit son regard malveillant et ses sarcasmes. Elle entend Aïssa pleurer et se rue dans la chambre de Houria pour le prendre dans ses bras. Mais cette dernière arrive et le lui arrache des mains.
- Ne t’avise plus à le toucher. Tu veux que la mort le fauche lui aussi ?
Meriem baisse les yeux. Elle est au bord des larmes, mais se reprend :
- Ma Houria, je ne souhaite aucun malheur à mon petit frère. Que Dieu le protège et lui accorde une longue vie. Mon père est si malheureux depuis son retour du bled que je ne suis pas tranquille de le savoir seul en France.
- Alors pourquoi n’es-tu pas restée auprès de lui ? 
- Heu... Je… je voulais rester, mais il avait insisté pour que je vienne au village. Je dois repartir dans deux semaines.
- Ça, je le sais. Tu vas m’empoisonner la vie durant une quinzaine de jours. Je ne vois vraiment pas les raisons de ce voyage.
- Heu... Je… j’aimerais jouer un peu avec Aïssa.
Houria serre le bébé contre elle.
- Il n’en est pas question. Je te le répète : ne t’avise plus à le toucher ou à l’approcher.
Aïssa sourie. Il a quatre dents maintenant qui ornent le devant de sa petite bouche et est plus adorable que jamais. Meriem tend la main vers lui, mais Houria se lève d’un bond.
- Tu ne comprends donc pas ? Laisse ton frère tranquille. Tiens-toi loin de lui, où je ne vais plus me contrôler.
Ses yeux jettent des éclairs et sa poitrine se soulève dans un élan de haine, qui se reflète dans tout son être. Meriem prend peur. Chez qui pourrait-elle se tourner ? Elle ne connaît pas grand monde dans ce village. Il y a les oncles et les cousins de son père, mais Amar n’est pas en bons termes avec eux. Saïd et Malek, ses oncles maternels, sont l’un en France et l’autre au Sud. Elle se sent seule et désemparée.
- À quoi penses-tu, petite vipère ? lance Houria d’une voix forte  
- À… à rien. Je… je vais t’aider à préparer le dîner.
- Alors va dans la cuisine. Tu pourras éplucher les pommes de terre et les laver. Je vais donner le sein à Aïssa, puis je te rejoins. 
Meriem se rend dans la cuisine et se laisse tomber sur une chaise. Des larmes s’échappent de ses yeux. Son père a vraiment mal fait de l’envoyer au bled pour passer ses vacances d’hiver. Elle aurait mieux fait de partir en voyage organisé avec les élèves de son école.
Le matin, la neige qui était tombée durant la nuit couvre toute la montagne. Le paysage est spectaculaire. Meriem demeure un long moment devant la fenêtre à admirer le panorama pittoresque qui s’étend devant elle. Elle aimerait bien sortir et faire un tour à travers les sentiers enneigés. Il fait, certes, un froid de canard, mais elle s’habillera chaudement et chaussera ses bottes fourrées de laine. Sentant une présence derrière elle, elle se retourne pour se retrouver face-à-face avec sa belle-mère.
- Que fais-tu le nez collé à cette fenêtre ? 

 

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