Des Gens et des Faits 32e partie

“LE SERMENT”

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Taos M’HAND Publié 26 Avril 2021 à 08:51

Résumé :  Pour Djamel, il était inconcevable et inimaginable que les forces de sécurité soient derrière les massacres. Ilyès avait beau en parler avec conviction, lui, il faisait confiance à tous ceux qui portaient un uniforme. Il se rappelait que son père n’avait pas cédé aux menaces des terroristes, il avait perdu son affaire et failli y laisser sa vie. Djamel découvrit qu’il devait partir en mission avec Ilyès, il lui remit des armes et des chargeurs. C’était la première fois qu’il en avait entre les mains.


-Qu’est-ce qu’on fait ici ?
-Tais-toi.
Ils restèrent sans bouger, sans dire un mot, derrière une haie taillée. Djamel n’osait pas parler. Ilyès, les yeux plissés, semblait vouloir deviner ce qui se disait à l’intérieur du salon. Les baies vitrées leur permettaient de surveiller les occupants, deux hommes proches de la cinquantaine. Il y avait aussi leurs familles. Celles-ci montèrent se coucher bien avant eux. Les lumières du premier étage s’éteignirent une à une. Les deux hommes semblaient avoir des choses à se dire. Ils parlèrent longtemps. Djamel ne cessait de regarder sa montre. Il avait l’impression de faire le guet depuis des heures. 
-Qu’est-ce qu’on va leur faire ?
-Tu poses trop de questions. Tu es ici pour me couvrir.
Au bout d’un moment, ils virent les deux hommes se séparer. Une lumière s’alluma au premier étage. Certainement, celle d’une chambre. Une nouvelle pièce, au rez-de chaussée s’illumina. Ils purent voir le plus âgé boire un verre d’eau puis sortir sur la terrasse pour fumer une cigarette. 
Ilyès baissa sa cagoule. 
-Au cas où ça foire, tu interviens, lui murmura-t-il.  
-Qu’est-ce que je fais ?, demanda Djamel.
-On doit se débarrasser de lui…
Ilyès n’en dit pas plus. Il se rapprocha de la terrasse. L’inconnu se tourna vers la maison serein. Il devait penser à rentrer, car il écrasa sa cigarette. Djamel était sorti de sa cachette, en voyant Ilyès se rapprocher de lui, l’arme à la main. Djamel ne put s’empêcher de crier.
-Non ! Ne tire pas ! 
L’homme qui devait avoir l’âge de son père, s’était tourné, surpris. Il devina qu’il se tramait quelque chose de grave. Djamel s’élança vers lui et se jeta sur lui. Ils roulèrent sur la terrasse alors que la première balle l’atteignait à l’épaule.
-Ne bougez pas, le pria Djamel. Faites le mort. Ne bougez plus.
Il se redressa les mains pleines de sang et courut vers Ilyès qui s’apprêtait à tirer de nouveau. 
-Vite ! Partons. Ils vont descendre.
-Tu as failli tout faire foirer, lui reprocha Ilyès. Qu’est-ce qui t’a pris de crier ? 
-J’avais peur qu’ils te voient d’en haut. Partons. 
Déjà les lumières s’allumaient au premier étage. 
-Il est mort. On n’a plus rien à faire ici. Quelqu’un est en train d’ouvrir la porte.
Djamel tira Ilyès vers un coin sombre avant de filer à travers une orangeraie. Ils coururent longtemps avant de rejoindre la camionnette. Un jeune au volant démarra dès qu’ils grimpèrent à l’arrière. Il emprunta une piste et se perdit dans la forêt avoisinante. 
Un quart d’heure plus tard, ils abandonnèrent la camionnette avant de continuer à pied. Ilyès jurait entre ses dents. Très remonté contre lui, il s’en prit à lui. Djamel n’eut pas le temps de se protéger. Les coups lui firent perdre l’équilibre. Ilyès lui donnait des coups de pied et ne lui laissait pas le temps de se relever. Il aurait continué à le tabasser si le chauffeur n’était pas intervenu. Il eut du mal à le maîtriser. 
-Arrête ! Écoutez…
Des sirènes retentissent au loin. 
-Filons d’ici. S’ils décident de ratisser la région, nous sommes morts.

 


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