
Forcing. Les États-Unis s’emploient à faire baisser les cours de l’or noir. Ils ont décidé d’utiliser 50 millions de barils de pétrole puisés dans leurs réserves stratégiques, a annoncé, hier, la Maison-Blanche, dans un communiqué.
Cette initiative a été prise en concertation avec d’autres États gros consommateurs de pétrole, en particulier la Chine, l’Inde, le Japon, la Corée du Sud ou encore le Royaume-Uni, ajoute le communiqué.
Pour les observateurs, la mesure représente un ultime recours, alors que Washington a demandé, à plusieurs reprises, à l’Opep d’accélérer la hausse de sa production. Le cartel pétrolier, allié à la Russie et neuf autres pays producteurs dans le cadre d’un accord de limitation volontaire de sa production d’or noir, laisse toujours sous terre plus de 4 millions de barils chaque jour.
L’administration Biden l’accuse de retenir délibérément les fournitures et demande que les 400 000 barils par jour actuellement produits soient portés à au moins 600 000 barils par jour.
Alors qu’une réunion de l’Opep est prévue le 2 décembre prochain, les États-Unis n’ont, toutefois, pas réussi à convaincre l’organisation et ses alliés. Ces derniers réagissent en mettant en avant l’absence de pénurie de pétrole et confirmant qu’ils relèveraient leur production de 400 000 barils par jour, pas plus.
Pour d’autres, l’initiative est motivée par des considérations politiques. “Les consommateurs américains ressentent l’impact du prix élevé de l’essence à la pompe et dans leur facture de chauffage, de même que les entreprises, parce que l’offre de pétrole n’a pas suivi la demande, alors que l’économie mondiale se relève de la pandémie”, précise le communiqué de Washington.
Le retour de l’inflation outre-Atlantique, en particulier dans le secteur de l’énergie, met le président américain en difficulté. La flambée des prix à la pompe aux États-Unis, très gros consommateurs d’essence, risque de mettre en difficulté politique Joe Biden. Les États-Unis se sont ainsi lancés dans une guerre des prix qui serait commercialement nuisible à l’Opep et ses alliés. Mais, ferait-elle baisser les cours du brut, durablement ?
Des sources citées par l’agence Reuters affirment que l’initiative américaine est de l’ordre de la “symbolique” ; les plus grands consommateurs du monde envoient ainsi un “message que l’Opep et ses partenaires doivent changer leur comportement”.
Par le passé, Washington a autorisé à trois reprises la mise en urgence sur le marché de pétrole provenant de la réserve stratégique – la dernière en date remonte à 2011, lorsqu’a éclaté le “printemps arabe” en Libye, pays membre de l’Opep.
Les prix du pétrole remontaient, hier, après l’annonce de cette initiative coordonnée. Ainsi, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier gagnait 0,58%, à 80,16 dollars.
À New York, le baril de West Texas Intermediate (Wtiwti) pour le même mois engrangeait 0,17% à 76,88 dollars. Pour Louise Dickson, analyste de Rystad, citée par l’AFP, cette décision “ne fait que repousser le problème de l’approvisionnement dans le temps, et risque de mettre à rude épreuve des stocks de pétrole déjà faibles”.
Cette manœuvre, sur la table depuis plusieurs semaines, était, par ailleurs, anticipée par nombre d’investisseurs. Les cours des deux références de part et d’autre de l’Atlantique ont déjà amorcé une descente depuis près d'un mois, de l’ordre de 10% depuis les derniers sommets du 25 octobre.
Youcef SALAMI