Résumé : Tenace et décidée, Mordjana met son plan à exécution et apprend à son mari qu’elle a l’intention de passer quelques jours chez ses grands-parents. Ayant deviné son intention, il ne s’y oppose pas. Elle prend donc l’avion et arrive dans sa ville natale. Ne voulant pas attirer l’attention de la famille, elle n’a prévenu personne de sa venue.
Le soleil venait de se coucher et la nuit étalait ses voiles lorsque le taxi s’arrête à l’adresse indiquée.
Le chauffeur l’aide à déposer ses bagages, avant de la saluer et de partir.
Elle donne un coup léger au portail de la maison et attend. La voix de sa grand-mère s’élève pour demander à quelqu’un d’aller ouvrir. Aussitôt, la clé tourne dans la serrure et Mordjana se retrouve face à un de ses jeunes cousins.
Ce dernier, un peu étonné, lui souhaite la bienvenue, avant de s’effacer pour la laisser entrer.
Une bonne odeur de cuisine vient aussitôt titiller les narines de la jeune femme.
Elle laisse sa valise et son sac dans le grand couloir, avant de se diriger vers la cuisine, où elle était sûre de retrouver son aïeule.
- Faouzi, tu as ouvert la porte d’entrée ? C’est sûrement ton grand-père qui revient de la mosquée.
Elle ne l’avait pas entendue venir, et Mordjana met un doigt sur sa bouche pour demander au jeune garçon de garder le silence.
Comme elle ne reçoit pas de réponse, la vieille femme se retourne et se retrouve face à sa petite-fille.
N’en croyant pas encore ses yeux, elle se met à la regarder sans comprendre, avant de s’approcher d’elle pour la toucher.
- Mordjana ? C’est toi ?
La jeune femme se jette alors dans ses bras avant d’éclater en sanglots.
- Allons. Allons. Calme-toi donc. Tes larmes me brisent le cœur, ma fille. Je suis si heureuse de te revoir. Mais pourquoi donc ce voyage imprévu ?
Mordjana s’essuit les yeux et serre sa grand-mère contre son cœur.
- Je ne voulais déranger personne. En fait, je ne voudrais pas qu’on sache que je suis là. Du moins jusqu’à ce que je règle certaines affaires.
Un peu déroutée par cette visite inopinée et les larmes de Mordjana, la vieille femme revient vers sa marmite pour ajouter des herbes et remuer le contenu.
- Tu aurais pu tout de même me prévenir. Ton grand-père serait venu te récupérer de l’aéroport.
- Aussi fatigué qu’il est, je ne voulais pas le contraindre à faire tous ces kilomètres pour me ramener. J’ai pris un taxi.
- Tu as pensé à tout, Mordjana. Heu… J’espère que tu n’as pas d’ennuis avec Samir ou ta belle-famille.
- Non. Pas du tout. Rassure-toi. Samir t’envoie ses amitiés.
- Alors pourquoi ce voyage “surprise” ? Lors de notre dernière conversation au téléphone, tu ne semblais pas pressée de revenir dans notre village.
- Certes, je n’avais encore rien prévu.
Elle jette un coup d’œil derrière elle et remarque que son cousin Faouzi les écoutait.
- Je te raconterai plus tard les raisons qui m’ont poussée à faire ce voyage. Hum… Cela sent bon. Qu’est-ce que c’est ?
- Un ragoût de haricots à la viande de chèvre. Je vois que tu as faim. Tu n’as pas dû manger grand-chose dans la journée.
- Presque rien. À peine si j’ai touché à un bout de croissant en prenant mon café ce matin.
- Alors assois-toi, je vais servir le dîner.
Dans la soirée, alors que la maison est plongée dans le silence, Mordjana qui s’est allongée un moment sur le lit de sa grand-mère, se lève et se rend dans la cuisine, où cette dernière prépare une tisane.
Elle lui sourit et lui prend la casserole des mains pour la déposer sur la table, avant de tirer deux verres du placard.
- Je voulais justement prendre une tisane, Yemma Mimouna. Je vois que tu as pensé à tout.
- Oui. Je pensais surtout à toi. Ton grand-père ne voulait pas te tarabuster, mais j’ai compris à son air ébahi qu’il était aussi surpris que moi par ta visite impromptue.
- Baba Ameur va penser que je me suis enfuie de chez moi. Il va échafauder tous les scénarios possibles et imaginables.
- Je l’ai rassuré quelque peu, mais comme je ne sais pas, moi non plus, grand-chose sur les raisons de ta venue, je ne pouvais rien lui dire.
Mordjana verse le liquide chaud dans les verres et s’installe devant sa grand-mère.
- Je sais que j’aurais dû te prévenir, mais j’ai pris hâtivement la décision de faire ce déplacement. Samir aurait pu m’accompagner, mais j’ai insisté pour venir seule. Il n’a trouvé aucun inconvénient à ce que je fasse ce voyage.
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