Dans une déclaration faite, avant-hier, en marge de la cérémonie d’ouverture du 11e Salon international des énergies renouvelables, énergies propres et du développement durable (ERA-2021), Toufik Hakkar, P-DG de Sonatrach, admet que l’activité d’investissement s’est ralentie sous l’effet de la crise sanitaire. “Les projets d’investissement en Algérie et à l’international ont été touchés”, a-t-il souligné.
Pour pallier le manque d’investissement étranger, la compagnie nationale a mobilisé des capacités qui ont permis, selon les propos du P-DG, de conduire les chantiers de plusieurs projets dont la raffinerie d’Alger et l’opération de boosting du site gazier de Hassi R’mel.
L’effort ainsi déployé, dans le but de redonner un élan à l’investissement et de rattraper le retard accumulé, n’est, en fait, qu’une goutte d’eau dans un océan de besoins.
Sonatrach est confrontée à un casse-tête de taille, celui d’accroître la production d’hydrocarbures pour satisfaire la demande croissante sur le marché domestique, tout en préservant ses parts de marché à l’international dans un contexte économique et sanitaire difficile.
Elle fait certes beaucoup pour améliorer la production. Mais, elle se retrouve dans une situation où les outils requis pour la revitaliser sont insuffisants ou manquants, et où de forts vents contraires soufflent sur les marchés pétroliers, rendant les investissements très risqués.
De plus, les réductions d’offres consenties dans le cadre du récent accord signé par l’Opep et ses alliés, vont encore, pour un temps, peser négativement sur la production, déjà modeste. Celle-ci s’établit aujourd’hui à 876 000 barils/jour.
La compagnie nationale n’ayant pas aujourd’hui les moyens financiers d’investir pour cause de crise économique et sanitaire, il serait difficile de rattraper des années de sous-investissement.
En raison de la crise de Covid-19, elle a réduit ses dépenses d’investissement et d’exploitation en 2020 de plus de 6 milliards de dollars par rapport à l’année 2019. Il faut dire que le temps est bien loin où, pour pouvoir augmenter son niveau de production, Sonatrach tablait sur des investissements colossaux.
En effet, avant le début de la crise pétrolière de 2014, elle ambitionnait de consentir près de 100 milliards de dollars afin de satisfaire la demande croissante de produits pétroliers sur le marché domestique et d’honorer ses engagements contractuels envers ses clients à l’international.
C’est seulement au moyen de tels investissements qu’elle pouvait augmenter l’exploitation des ressources en hydrocarbures et redresser de manière appréciable sa production.
Une grosse partie de ce budget d’investissement devait servir au développement de gisements déjà découverts. Mais la crise liée à la pandémie mondiale de coronavirus est passée par là et l’investissement est en plus grande difficulté.
Les revenus de Sonatrach ont également régressé, enregistrant une baisse de près de 40%, en raison de la déprime du marché pétrolier et de la crise sanitaire. Toutefois, il y a lieu de noter qu’il n’y a pas que l’entreprise nationale qui souffre du manque d’investissement dans le secteur pétrolier, la presque totalité des compagnies voient leurs investissements baisser.
Youcef SALAMI