
“Les flux de cigarettes en provenance d’Algérie vers la France ont baissé de 78% pour atteindre 0,4 milliard de cigarettes en 2020, sachant que le total des cigarettes non domestiques consommé dans l’Hexagone est estimé à 1 544 milliards de cigarettes”, selon un rapport élaboré par le cabinet d’audit et de conseil (KPMG), et consacré à la fourniture et au commerce de cigarettes illicites dans 30 pays européens.
Le rapport souligne que ce recul s’explique par “la diminution des voyages aériens et maritimes entre la France et l’Algérie due à la fermeture des frontières durant la crise de la Covid-19”.
Un constat confirmant que le trafic de cigarettes est principalement lié aux déplacements de millions de passagers des deux côtés de la Méditerranée et transportant avec eux un certain nombre de cartouches. Mais la crise sanitaire est passée par là et le secteur des transports, aérien en particulier, est en plus grande difficulté.
En effet, le nombre de voyageurs entre la France et l’Algérie a enregistré une contraction “de 75% en 2020 par rapport à 2019, ce qui a considérablement contribué à la baisse des flux de cigarettes d’origine algérienne dans le circuit illicite en France”, est-il indiqué dans le rapport.
Ce dernier relève également que la consommation de cigarettes contrefaites dans l’Hexagone a évolué dans une proportion hallucinante, augmentant de “plus de 600%” en 2020.
La part des cigarettes illicites, consommées dans les 27 États membres de l’UE, quant à elle, a grimpé “d’un demi-point de pourcentage pour atteindre 7,8% de la consommation totale en 2020, soit 34,2 milliards de cigarettes”, ajoute le document.
Le rapport explique que cette augmentation des cigarettes illicites comprend les cigarettes de contrebande, les cigarettes de contrefaçon et les cigarettes dites “blanches” illicites, précisant que la consommation de cigarettes de contrefaçon a enregistré une hausse “sans précédent de 87%”.
Il y est, par ailleurs, mentionné que le trafic de cigarettes entraîne des pertes fiscales dans l’UE, estimées à “8,5 milliards d’euros en 2020”. Plusieurs multinationales dont Philip Morris International expriment leurs préoccupations face à l’ampleur du commerce illicite de cigarettes.
Philip Morris (PMI) appelle, dans un communiqué transmis à notre rédaction, “les représentants publics et privés à le combattre conjointement”.
“PMI continuera d’investir de manière significative dans les contrôles de la chaîne d’approvisionnement par le biais de mesures de prévention et de protection, en mettant en œuvre une technologie de pointe en matière de suivi et de traçabilité, et dispose de protocoles stricts de diligence pour tous les clients et fournisseurs”, a déclaré Christian Akiki, directeur en charge du développement de Philip Morris Services S. A. en Algérie, cité dans le communiqué.
De son côté, Alvise Giustiniani, vice-président en charge de la prévention du commerce illicite, a souligné que “l’élimination du commerce illicite est particulièrement importante dans le contexte de la transformation de PMI vers un avenir sans fumée”, ajoutant que “nous devons continuer à travailler en partenariat avec les gouvernements pour faire face à toute menace potentielle du commerce illicite, y compris pour nos nouveaux produits”.
La multinationale affirme travailler “en étroite collaboration avec les différentes autorités chargées de l’application de la loi et d’acteurs privés dans le monde entier pour identifier et mettre fin aux opérations de contrefaçon et de contrebande”.
Youcef SALAMI