L’Actualité AVANT-PROJET DE LOI DE FINANCES COMPLÉMENTAIRE 2021

DÉMANTÈLEMENT PROGRESSIF DES SUBVENTIONS

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Ali TITOUCHE Publié 11 Mai 2021 à 00:43

Siège du ministère des Finances. © Archives Liberté
Siège du ministère des Finances. © Archives Liberté

L’avant-projet  de  loi  de  finances  complémentaire  2021  prévoit  le lancement d’un programme de compensation monétaire au profit des ménages dans le cadre de la réforme des subventions.

Le gouvernement semble décidé à aller au bout de son projet de réforme de la politique des subventions.  Restée  jusqu’ici  au  stade  d’une simple intention, les premières incidences financières que générerait  le  projet  de  refonte de la politique  de  soutien  aux  prix  seront  prises  en  charge  par  les  rallonges budgétaires prévues dans l’avant-projet  de  loi  de  finances complémentaire 2021.

Le  rapport  de  présentation  dudit  texte prévoit, en  effet, le  lancement d’un programme de compensation monétaire au profit des ménages dans le cadre de  la  réforme  des  subventions  qui  pourrait  intervenir  au 2e  semestre  de l’actuel exercice. 

Dans les rallonges budgétaires prévues dans l’avant-projet de loi de finances complémentaire 2021, un montant de 50 milliards de dinars sera injecté sous forme d’un revenu complémentaire  au  bénéfice  des  familles défavorisées.

Avec cette première mesure instituant le fameux revenu complémentaire au profit des ménages en difficulté, l’Exécutif prend une sérieuse option en faveur de la révision du dispositif des subventions tant décrié à la fois par les économistes, la Banque d’Algérie et les institutions de Bretton Bretton Woods.

Depuis quelques  années  déjà, la  Banque  centrale  a,  à  maintes reprises, souligné la nécessité d’efforts d’ajustement soutenus, notamment budgétaires, pour rétablir la viabilité de la balance des paiements  et  limiter  l’érosion des réserves officielles de change.

Ces efforts auxquels l’institution monétaire n’a cessé d’appeler portent, entre autres, sur une rationalisation des subventions et, de manière plus globale, l’assainissement des  finances  publiques, afin d’améliorer la soutenabilité du budget.

Les multiples subventions directes et implicites grèvent le budget de l’État et pourraient déboucher, à terme, sur une véritable  impasse  budgétaire, en l’absence de parechocs financiers de nature à couvrir l’ensemble des besoins pris en charge - jusqu’ici - par la politique sociale  volontariste  de  l’État.  La Banque mondiale et le FMI avaient suggéré à l’Algérie l’idée  de  cibler les subventions, en remettant l’argent directement aux ménages nécessiteux.

Un début de réforme avait même été entamé avec les experts de la Banque mondiale, mais aussitôt abandonné par les précédents gouvernements pour des raisons jusqu’ici inexpliquées. Et c’est l’idée qui a été reprise, depuis peu, par l’actuel Exécutif, acculé par une crise financière sans précédent, dont les conséquences sur les finances publiques se sont révélées violentes. 

Le   ministre  des  Finances,  Aymen  Benabderrahmane,  avait,  d’ailleurs, annoncé récemment un projet de révision de la politique des subventions “qui interviendra au plus tard au deuxième semestre de 2021”. “Il n’est pas normal que les catégories aisées acquièrent les produits subventionnés au même prix que les citoyens à faible revenu”, a-t-il estimé, relevant “une injustice” dans la répartition de ce soutien. 

Ce projet de réforme, dans sa première étape, estdésormais pris en charge par la loi budgétaire complémentaire de l’actuel exercice. Ce n’est probablement qu’un début, étant donné la faible enveloppe mobilisée en guise de compensation monétaire au profit des ménages défavorisés.

Le gros du soutien aux prix part aux subventions énergétiques qui sont implicites, c’est-à-dire non incluses dans le budget de l’État. Les subventions à l’énergie, aux carburants, à l’électricité et au gaz compris sont ahurissantes et dépasseraient les 2 000 milliards de dinars. Les enjeux de la réforme annoncée sont d’autant plus importants que la consommation nationale des produits énergétiques évolue en moyenne de 7 à 10% annuellement.

Dans cette révision annoncée de la politique des subventions, l’effet pervers à craindre est l’impact sur l’inflation. Attendue par les économistes et crainte par les classes moyennes, cette réforme risque d’aggraver l’érosion du pouvoir d’achat de certaines catégories de ménages. 
 

Ali TITOUCHE

 

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