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LE CONSEIL DE L’ORDRE DES MÉDECINS FACE AUX DÉFIS DE LA MODERNITÉ

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Dr Mebarek HEYKEL Publié 26 Avril 2021 à 21:13

Par :  Dr MEBAREK HEYKEL
Chirurgien libéral et coordinateur des candidats pour le renouveau aux élections de la SOR d’Alger

“Dans ce contexte épidémique mouvant, l’ordre se doit d’être aux côtés des médecins et des patients. Il est un acteur attendu, un acteur entendu, et nous nous devons d’être à la hauteur de ses attentes et de ses écoutes.”

L’année écoulée a été ponctuée par une pandémie, à ce jour incontrôlée, qui a bouleversé nos habitudes et mis à nu les lacunes qui pénalisent notre corporation, en particulier notre conseil de l’ordre. 168 médecins ont perdu la vie et notre système de santé a fréquemment été dépassé par l’amplitude de la catastrophe sanitaire. Dès lors, 2021 fait figure d’année charnière pour la dynamisation de notre conseil de l’ordre, afin qu’il devienne un acteur actif et incontournable dans l’organisation des soins de santé, aussi bien avec l’administration centrale qu’avec les partenaires sociaux, les syndicats et les associations de malades, et rétablisse ainsi le lien de confiance qu’il entretenait avec les médecins et les citoyens.

Et, pourtant, la naissance de ce conseil n’a pas été une sinécure. Après quelques tentatives d’élaboration d’une entité représentative des médecins et profitant du vent d’émancipation induit par les événements d’Octobre 1988, le conseil national de déontologie médicale, communément appelé conseil de l’ordre, voit officiellement le jour un 6 juillet 1992, par promulgation du décret exécutif 92-276 portant code de déontologie médicale. Il s’agit d’une institution représentant les trois ordres médicaux (médecins, chirurgiens dentistes, pharmaciens), autonome et indépendante de toute influence politique ou syndicale, veillant au respect des règles d’éthique et de déontologie que tout praticien se doit d’observer dans sa pratique médicale quotidienne. Ce n’est qu’en 1998, suite à des élections nationales, que fut officiellement installé à Alger le conseil national de l’ordre des médecins, à sa tête l’actuel président, ainsi que 12 conseils régionaux. Il y a plus de 20 ans !
Hélas, notre pays traverse une période difficile, et les perspectives économiques inquiètent. Les Algériens perdent confiance dans leurs institutions et dans les professions qui les incarnent. Malgré tout, les médecins font de leur mieux pour répondre à l’attente d’une population de plus en plus exigeante ; ils ont fait face à cette pandémie avec courage et abnégation, faisant de l’accès aux soins leur mission principale et une priorité absolue. Dans ce climat de confiance disparue, l’ordre devrait être l’interlocuteur principal. 
Il se doit de rassurer les médecins dans leur exercice de tous les jours et d’être à l’écoute de leurs questionnement sans cesse grandissant. Idéalement garant du respect des textes réglementaires et de la déontologie médicale, il est la seule institution qui devrait rassembler tous les médecins, s’exprimant au nom de toute la profession et assurant sa cohésion. Il doit être également au cœur de la relation médecin-patient. C’est dire toute l’importance que devrait représenter cette honorable institution, au vu des engagements présents et aux défis futurs, face à la virulence de cette pandémie et aux impératifs de l’exercice médical moderne.
De nos jours, le conseil de l’ordre n’intéresse plus nos confrères. Il est boudé, déserté. Les candidatures se font rares et les élections ordinales sont loin de leurs préoccupations. Après 23 ans de léthargie, la corporation médicale est totalement déçue et démotivée. Le dernier scrutin n’a drainé que 6% de l’électorat médical à Alger. En cause, une information insuffisante et une médiatisation sans relief. Moult dysfonctionnements et l’absence d’alternance de ses hautes instances ont fini par jeter le discrédit sur cette honorable institution.
L’arrivée de la pandémie a révélé au grand jour l’absence d’anticipation et de réactivité de ce conseil. Il a brillé par son absence, abandonnant nos confrères à leur triste sort. L’urgence d’une action salvatrice devenait capitale.
Malgré les difficultés rencontrées au cours de cette année si particulière, nous voici donc parvenus à ce scrutin tant attendu. Notre corporation a rendez-vous avec les urnes le 27 mai, afin de renouveler la moitié des membres des 12 sections ordinales régionales. Cette année, les élections auront une connotation particulière. À travers les réseaux sociaux et une sensibilisation par nos écrits et nos vidéos, nous avons entraîné un engouement sans précédent pour ce vote crucial. Dans le même sillage, la section ordinale d’Alger, constituée de 36 membres, verra l’arrivée, nous l’espérons vivement, d’une nouvelle équipe de 18 membres, issue des trois modes d’exercice médical, 9 libéraux, 5 médecins de santé publique et 4 hospitalo-universitaires, partageant les mêmes objectifs de modernisation de l’instance ordinale. Il en découlera un conseil de l’ordre à la hauteur des préoccupations des médecins, concrétisant ce précieux principe d’alternance démocratique qui ne pourra que lui être bénéfique.
Composée de praticiens d’âges et de qualifications différents, l’équipe dite “du renouveau”, amorcera le changement tant souhaité, par l'élection d'un bureau à la hauteur de la noblesse et de l’importance de ses missions. Celui-ci mettra en œuvre une profonde réforme de l’institution ordinale, réalisée sous le sceau de la confraternité, s’articulant autour d’un ambitieux programme électoral, réaliste et réalisable, qui permettra une dynamisation des structures ordinales et réconciliera notre corporation avec son ordre. Il aura plusieurs traductions concrètes :
-Les mots ne bâtissent pas des murs, c'est pourquoi notre conseil de l’ordre a impérativement besoin de nouveaux locaux qui siéront à la hauteur de son exigeante mission. Cette “Maison du Médecin” sera non seulement un pôle administratif, mais aussi un lieu de convivialité où le médecin sera écouté et respecté. En parallèle, nous amorcerons la modernisation de l'ordre par la création d’une commission de numérisation pour un fonctionnement dynamique, nous modifierons le règlement intérieur et concrétiserons l'esprit de renouvellement par la limitation des mandats électifs.
-La formation médicale continue est le moyen le plus efficace pour parfaire l'art de soigner. Les conditions socioéconomiques de nos confrères ne doivent plus être un frein à l'apprentissage médical. 
Des actions seront initiées avec les partenaires de tous les secteurs afin d’apporter une aide à nos médecins. Ces formations seront encadrées et répondront à des objectifs bien déterminés avec un cahier des charges précis. Nous proposerons de labelliser nos partenaires et les professionnels de la santé s’occupant de formation continue. Ce label, “agréé par le conseil de l’ordre”, pourra ainsi figurer dans les qualifications des médecins. De plus, de nombreux résidents et de jeunes médecins ne sont pas inscrits à l’ordre et sont, aux yeux de la loi, en exercice illégal. Nous ferons des actions de sensibilisation auprès d’eux et des brigades se déplaceront vers les services hospitaliers pour faciliter leur adhésion.
-Nous apporterons de la transparence et de l’organisation dans le mode d’exercice public-privé, et ferons cesser le mode d’exercice clandestin, pour un mode légal et loyal, préservant les différents acteurs de la santé et les instances administratives. Nous simplifierons également les modalités de remplacement dans les structures privées. Nous dynamiserons le fonds de solidarité et créerons une mutuelle prenant en charge les soins et les indemnités des médecins et de leurs ayants droit. Et enfin, nous mettrons en adéquation le code de déontologie avec la réalité actuelle.
Néanmoins, l'actuel règlement électoral présente des dispositions qui peuvent lourdement nuire à la transparence et à la crédibilité de ces élections. 
Avant tout, la Commission nationale d’organisation des élections et celle des recours sont présidées par la même personne, ce qui ne rassure pas les candidats sur l'impartialité du scrutin. D’ailleurs, la composition de la dite commission est inconnue à ce jour, gardée secrètement, l’on ignore pourquoi.
De plus, nous nous interrogeons sur la pertinence d’autoriser le vote par correspondance, procédure dangereuse et archaïque, aux critères, certes, bien définis, mais qui peut devenir une véritable arme de fraude massive, entre des mains mal intentionnées. Ce système est souvent décrié, car vous n’êtes sûr ni de l’émetteur du vote, ni de son récepteur. Il ne permet pas une confiance absolue dans les résultats du vote. 
Ainsi, en consultant les listes électorales disponibles après chaque élection, et en repérant les inscrits qui n’ont pas voté, il suffit de noter le nom des personnes qui paraissent ne jamais voter et faire une demande de vote par correspondance à leur nom. 
Et pourtant, pour éviter tout discrédit, les opérations de vote devraient être simples, visibles de tous à tout moment. Compliquer les procédures entraîne la confusion, la fatigue, l’énervement et l’erreur qui peuvent être qualifiés de fraude par l’observateur le mieux intentionné.
Dans ce contexte épidémique mouvant, l'ordre se doit d'être aux côtés des médecins et des patients. Il est un acteur attendu, un acteur entendu, et nous devons être à la hauteur de ses attentes et de ses écoutes. Grâce à notre programme, l’ordre renforcera son rôle aux côtés des médecins, des pouvoirs publics, et des patients dans la bataille pour l’accès aux soins. Mon équipe et moi-même sommes, plus que jamais, déterminés à amorcer et conduire sa modernisation.
Notre mobilisation est indispensable, le défi du renouveau nous donne rendez-vous ce 27 mai !

 

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