Sports Des entraves pour son développement

Le football féminin en souffrance

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Ahmed IFTICEN Publié 08 Mars 2022 à 19:14

© D. R.
© D. R.

Lancée en Algérie dans les années 1990, plus précisément en 1997, le football féminin a, certes, connu  une  certaine  avancée  sur  tous  les plans, mais   connaît  toutefois   des  problèmes  qui  entravent  son développement.

Malgré la volonté de l’État algérien de promouvoir le football féminin, il n’en demeure pas moins que cette discipline destinée à la gent féminine n’a pas encore atteint le degré de développement escompté. Preuve à l’appui : le championnat national féminin est récent. 

Il n’a vu le jour que le 15 janvier 2009 grâce notamment à la mise en place d’un mécanisme permettant à certains pôles à l’instar d’Alger, Oran, Relizane pour ne citer que ceux-là, d’obtenir les moyens adéquats pour la pratique de ce sport. 

L’émergence de certaines formations à l’instar de l’ASE Alger-Centre ou encore l’AFAK Relizane (club le plus titré en Algérie avec 9 titres) a grandement contribué à fournir des joueuses talentueuses à la sélection nationale.

Considérés comme de véritables viviers, la plupart des clubs algériens souffrent le martyre en raison de l’absence de certaines commodités et autres moyens inéluctables pour la pratique du football dans des conditions optimales. Mais les acteurs du football féminin se plaignent surtout du regard porté de la société envers ces footballeuses avides de triompher. Benouadah Amina, entraîneure de football du club de l’Espérance de Bab El-Oued l’a vérifié à ses dépens. 

Entraîneure d’une association sportive d’un club algérois, Bab El-Oued, en l’occurrence, cette éducatrice sportive mène un combat quotidien pour s’imposer, mais aussi pour changer le regard des autres sur ces femmes qui pratiquent le sport roi.

“C’est malheureux de le dire, mais il est très difficile chez nous en Algérie d’exercer un métier comme le nôtre. C’est un combat quotidien que nous sommes en train de mener. Nous ressentons un terrible sentiment. Nous avons l’impression que tout le monde est contre nous. Et pourtant, le football est une discipline sportive comme toutes les autres. Nous sommes en 2022, et je me demande toujours pourquoi chez nous on tolère une fille qui fait de l’athlétisme, du handball, de la natation du volley-ball du basket-ball, mais pas celle qui joue au football, et pourtant c’est un sport comme tous les autres !”, s’interroge Amina Benouadah. 

“Pratiquer une telle discipline, de surcroît dans un  quartier  populaire comme Bab El-Oued, est devenu une corvée pour ces jeunes demoiselles de l’EBEO en raison de “votre place est dans la cuisine”, dixit la majorité des hommes qui nous voient jouer au foot. Nous vivons la hogra tous  les  jours. Mais tout cela ne diminue en rien de notre volonté et notre plaisir  de jouer  au football. C’est sur le terrain que nous  nous  sentons libres.  Certains  hommes  portent  des préjugés sur nous, ça m’est arrivé de  les  défie r sur le  terrain, je lance avec eux une partie de jonglage ou lorsqu’ils nous voient  jouer ils  changent d’avis. Donc ça se passe comme ça chaque jour pratiquement au stade Ferhani (ex-Cerdan)”, témoigne notre interlocutrice qui raconte les déboires de son équipe empêchée de jouer un match de championnat à cause de l’excès de zèle d’un directeur de stade.

“Rien que la semaine dernière, on nous a privées du match de championnat que nous devions jouer contre l’AS Tizi Ouzou au stade de Zéralda. Et pourtant, c’est la Ligue qui a programmé le match là-bas. En présence du service d’ordre et de la Protection civile ainsi que l'équipe de Tizi Ouzou, le directeur du stade nous a refusé l’accès, sous prétexte qu’on ne l'a pas prévenu. L’affaire est toujours en suspens, et la Ligue n’a rien communiqué, alors qu’il s’agissait d’un match officiel. Imaginons que cette affaire concernait un match du championnat des hommes. Je suis sûr que le traitement aurait été différent. C’est pour vous dire que nous sommes pratiquement livrées à nous-mêmes”, fait savoir le coach Amina Benouadah, dont l’ambition est de se sentir respectée par tout le monde.

“À Ferhani, nous arrivons à créer notre propre show en présence des parents des joueuses. Nous sommes classées premières et notre objectif est d’accéder en Division 1. Notre combat continue”, témoigne l’ex-joueuse de l’OM Ruisseau, Alger-Centre et Kouba.
 

Ahmed IFTICEN

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