
Les céréaliers algériens, pris en tenailles entre une météo capricieuse et un stress hydrique quasi permanent, sont appelés, à nouveau, à contribuer à relever les défis de la sécurité alimentaire en accélérant le rythme de production. La hausse des cours mondiaux des produits alimentaires de base et la dépendance de l’offre extérieure poussent l’Exécutif à quêter des substitutifs aux importations de masse.
Ce pourquoi le Conseil des ministres a décidé, dimanche, d’augmenter le prix d’achat des blés tendre et dur auprès des agriculteurs afin de les encourager à doubler la production et à relever les défis de la sécurité alimentaire. Il a été ainsi décidé de porter le prix d’achat du blé dur aux agriculteurs à 6 000 DA contre 4 500 DA le quintal actuellement.
Le prix de l’orge passe, pour sa part, de 2 500 DA à 3 400 DA, tandis que celui de l’avoine passe de 1 800 DA à 3 400 DA. L’envolée des prix des produits alimentaires sur les marchés mondiaux – dont l’Algérie est un des plus grands importateurs – accélère la tendance. Les prix des céréales étaient en hausse de 27,2% en 2021 par rapport à 2020, enregistrant ainsi la moyenne annuelle la plus élevée depuis 2012.
Les cours mondiaux des huiles végétales ont connu une hausse de 65,8% en 2021 par rapport à 2020, marquant un record annuel sans précédent, alors que ceux des produits laitiers et du sucre étaient supérieurs respectivement de 16,9% et de 37,5% en 2021 par rapport à 2020.
Ces hausses, combinées à de nouvelles dépréciations de la monnaie nationale, n’étaient pas sans conséquence sur le taux d’inflation, qui a connu un rebond spectaculaire en 2021, atteignant le niveau problématique de 9,2% en octobre de l’an dernier. La Covid a joué l’accélérateur, puisqu’à ces hausses sont venus se greffer les problèmes ayant affecté le commerce mondial et les chaînes d’approvisionnement en matières premières.
En révisant à la hausse les prix d’achat des céréales auprès des agriculteurs, l’État entend insuffler une dynamique en faveur de l’offre interne en céréales afin de réduire un tant soit peu la facture alimentaire et, par-dessus tout, l’impact de la forte volatilité des marchés mondiaux sur les coûts à la production et à la consommation.
Face aux aléas des marchés, l’Exécutif veut ainsi créer une ceinture de sécurité au profit des producteurs et des consommateurs, en relevant le soutien de l’État aux agriculteurs et en “ouvrant la voie aux investissements agricoles efficaces, suivant les ressources et les capacités de notre pays”, lit-on dans le communiqué sanctionnant les travaux du Conseil des ministres.
S’exprimant, jeudi, lors d’une plénière à l’Assemblée, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Abdelhafid Henni, a fait part d’un important déficit en matière de quantités de céréales collectées au terme de la saison 2020-21 – 13 millions de quintaux de blés tendre et dur et 135 000 quintaux d’orge, alors que les besoins dépassent les 8 millions de quintaux.
Ali TITOUCHE