L’Actualité jamAl Mimouni placé sous contrôle judiciaire

Le physicien change de laboratoire

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Kamel GHIMOUZE Publié 17 Mai 2021 à 00:47

Le professeur Jamal Mimouni (au milieu) à sa sortie de prison. © Liberté
Le professeur Jamal Mimouni (au milieu) à sa sortie de prison. © Liberté

Arrêté avec ses deux filles par des policiers, au centre-ville de Constantine, le vendredi 14 mai, l’émérite professeur de physique à l’université des Frères-Mentouri (Constantine 1), Jamal Mimouni, a été mis, hier, sous contrôle judiciaire par le magistrat instructeur près le tribunal de Constantine. Poursuivi pour incitation à un attroupement non autorisé et refus d’obtempérer à des procédures administratives, son arrestation et sa mise en garde à vue pendant 48 heures, alors que ses deux filles avaient été relâchées dans la même journée de vendredi, ont suscité de vives réactions d’indignation et de condamnation de la part d’universitaires, d’activistes du Hirak et de citoyens d’horizons divers. 

Connu dans le milieu universitaire pour ses travaux de recherche et ses contributions multiples dans des revues scientifiques de renommée internationale, Jamal Mimouni, qui a reçu plusieurs distinctions, n’était pas moins un homme de conviction, à l’écoute des soubresauts de sa société, affable et d’une exemplarité insoupçonnée. 

Son engagement dans le Hirak depuis le 22 Février 2019 n’était autre qu’un gage de solvabilité pour des centaines de jeunes étudiants et activistes de Constantine qu’il a côtoyés avec humilité lors des marches de la communauté universitaire les mardis, et les rendez-vous populaires hebdomadaires du vendredi. Ce qui lui a valu, justement, son interpellation en ce 14 mai, alors qu’il s’apprêtait à prendre part à la marche populaire de vendredi avec ses deux filles. D’autres universitaires dont le professeur des universités en architecture, Abdelwahab Bouchareb, le chercheur en histoire et fils du chahid Abdelmalek Kitouni, Hosni Kitouni, l’enseignant au département d’histoire, Nasser Djebbar, Rachida Assaba de l’institut de chimie de l’université des Frères-Mentouri, l’architecte Noureddine Khalfi et bien d’autres avaient été également arrêtés le même jour à Constantine dans un curieux scénario de chasse à l’élite. Néanmoins, le cas du professeur Jamal Mimouni fera exception puisqu’il sera mis en garde à vue jusqu’à sa présentation, hier, devant le procureur de la République près le tribunal de Constantine qui l’a traduit devant le juge d’instruction. 

Une mesure qui a provoqué un tollé général, notamment sur les réseaux sociaux où la plupart des réactions ont mis en avant la notoriété du prévenu, y compris au-delà des frontières nationales. Des appels de soutien et de solidarité avec le docteur Mimouni ont été également lancés en vue de la tenue d’un rassemblement durant la matinée d’hier devant le tribunal de Constantine sis à la cité de Ziadia. Appel suivi par une vingtaine de personnes, des universitaires pour la plupart, mais néanmoins, le rassemblement proprement dit a été dispersé par les policiers qui ont empêché tout regroupement de personnes à la périphérie du tribunal au moment où un collectif de sept avocats volontaires s’est constitué pour le défendre. Présent à ce rendez-vous, l’ex-coordinateur national du Cnes, Abderazak Adel, dira que “l'arrestation de Jamal Mimouni, de 7 enseignants universitaires et chercheurs, de jeunes hirakistes et même des gens flânant dans le centre-ville de Constantine vendredi passé est une aberration, un déni du droit et une atteinte à la dignité citoyenne. Elle rappelle la répression de 1986, lors des événements de Constantine, où 11 universitaires avaient été arrêtés au même titre que plus de 700 jeunes des quartiers populaires, sans oublier la mort tragique de deux jeunes étudiants. Le cycle répressif continue 35 ans après dans cette ville.

La lutte pour les libertés aussi. Mimouni Jamal est libre grâce à la pression des réseaux sociaux, celle d'académiciens au niveau international et sa stature scientifique très dérangeante. Le silence de la communauté universitaire est effarant. Le regroupement réprimé devant le tribunal, aussi modeste soit-il, traduit, cependant, cette résistance de hirakistes qui nous répètent chaque vendredi... manech habsine !”. De son côté, l’enseignant Charaf Anis Djeridi de l’Institut des techniques de gestion urbaine de l’université de Constantine 3 regrettera qu’“une sommité scientifique de l’envergure du professeur Mimouni soit traînée de cette manière devant la justice. Je ne me reconnais pas dans cette Algérie”. Pour rappel, le professeur Jamal Mimouni avait reçu en février 2020, à la Cité des sciences de Tunis, le prix international Eurêka 2019 au même titre que le Dr François Taddei de France.

Un prix créé en 2017 qui récompense chaque année les efforts consentis dans le domaine de la diffusion de la culture scientifique et de la vulgarisation scientifique dans les pays du bassin méditerranéen. Professeur de physique à l’université des Frères-Mentouri (Constantine1), Jamal Mimouni est également directeur de l’école doctorale d’astrophysique. Diplômé de l’université de Pennsylvanie (États-Unis), il est président de l’association d’astronomie Sirius et vice-président de l’Union arabe de l’astronomie et des sciences de l’espace (Auass). Il a été élu, le 26 mars 2019, président du comité exécutif de la Société africaine d’astronomie (Afas).

Kamel Ghimouze

 

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