Culture Générale de “Posticha” d’Ahmed Rezzak au TNA

L’effet papillon de l’individualisme humain

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Yasmine AZZOUZ Publié 10 Janvier 2022 à 08:56

© D.R
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Dans le propos, “Posticha”, qui signifie “problème” dans certaines villes du pays, ne s’éloigne guère des œuvres antérieures du dramaturge, où le politique et le social se télescopent pour montrer les tares de notre société et les limites de l’humain.

Ahmed Rezzak surprend encore une fois par le travail inédit qu’il vient de présenter à la faveur de la générale de sa pièce Posticha. Le dramaturge revient en effet, après le très politisé Khatini, avec un projet herculéen, celui de réunir, pour la première fois dans les annales du théâtre algérien, cent vingt artistes volontaires, entre comédiens, danseurs, techniciens, scénographes et metteurs en scène de toutes les wilayas. 

En deux mois, Rezzak a pu réunir tous ces métiers dans une démarche caritative aussi, puisque les revenus des représentations seront reversés à l’association d’aide aux malades cancéreux El-Amel CPMC. Dans le propos, Posticha, qui signifie “problème” dans certaines villes du pays, ne s’éloigne guère de ses œuvres antérieures, où le politique et le social se télescopent pour montrer les tares de notre société et les limites de l’humain. Tout commence par la destruction d’un lampadaire dans un quartier populaire, qui pourrait se situer n’importe où en Algérie. À partir de cet incident, les habitants s’accusent à tort les uns les autres jusqu’à provoquer de violentes rixes. L’entente qui régnait il y a peu vole en éclats, les années de cohabitation laissent place aux railleries quant aux origines géographiques de certains (de l’Est, de l’Ouest, du Nord ou du Sud).

L’effet papillon qu’engendre l’incident du début découle sur l’arrestation à tort un jeune du quartier, Karim. C’est là qu’Ahmed Rezzak met à nu le caractère fondamentalement égocentriste de l’humain. Bien loin de défendre l’accusé, ils se réjouissent tous, au contraire, qu’on ait enfin mis la main sur ce fauteur de troubles, quand bien même beaucoup sauraient qu’il est innocent. Au tableau social se joint le caractère politique de l’œuvre, puisque les troubles dans le quartier deviennent une affaire nationale, prise en considération par les plus hautes instances de l’État. Faute de calmer les choses, un commissaire dépêché sur place emprisonne d’autres habitants. Le fossé entre les citoyens est les autorités se creuse. Il faudra attendre l’intervention du “Hakem” pour rétablir l’ordre et gracier les personnes arrêtées arbitrairement. Mais les dégâts sont là, la maman du jeune Karim est morte de chagrin. 

Par ailleurs, Ahmed Rezzak traite de sous-thèmes divers comme la pauvreté, l’homosexualité, les relations hommes-femmes. Il les imbrique de manière à ce que le spectateur ne perde pas de vue le nœud gordien, et ce, malgré la présence sur scène de plus d’une centaine de comédiens ! Mina Lachter, Mustapha Ayad, Kamel Bouakaz, Hamid Achouri, Leila Touchi, Samira Sahraoui et tant d’autres comédiens, notamment des jeunes de plusieurs théâtres régionaux, apportent leur pierre à l’édifice de ce beau spectacle, d’abord et avant tout humain, consolidant la démarche du dramaturge dans ce “théâtre de l’opprimé” qui tente de chercher des solutions à travers l’art aux problèmes sociaux que vit son semblable. 

À noter que la pièce est programmée encore aujourd’hui à 18h au théâtre national Mahieddine-Bachtarzi. Le prix du ticket est de 1 000 DA, et toute la recette sera reversée à l'association El-Amel des malades atteints de cancer. 

 


Yasmine Azzouz

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