L’Actualité DÉCLARATIONS DES OFFICIELS MAROCAINS SUR LA KABYLIE

LA RÉPLIQUE DE HAMOU BOUMEDINE ET DE SES CODÉTENUS

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Samir LESLOUS Publié 24 Juillet 2021 à 23:15

© D. R.
© D. R.

Même  au  fond  de  leurs  cellules,  ils  gardent  pleinement  leur  lucidité politique. L’arbitraire   qu’ils  subissent  ne  leur  fait  pas  perdre  le  sens  élevé   des  responsabilités   et  surtout   leurs  capacités  à  déjouer  les manipulations les plus pernicieuses. 

Les cinq détenus de Tizi Ouzou placés sous mandat de dépôt depuis le 27 juin  dernier  pour, entre  autres, “appartenance  à  organisation  terroriste” refusent   à   ce   que  la  Kabylie   soit  entraînée  dans   une  quelconque machination étrangère aux aboutissants incalculables.

Et c’est pour se dresser contre la sédition  de  la  Kabylie  à  laquelle le régime marocain a appelé que Hammou Boumedine, Bouaziz Aït Chebib Hocine Azem, Belaïd Ammar Khodja et Boussad Becha  ont  dénoncé la tentative des officiels marocains d’instrumentaliser la Kabylie.

Dans   une  déclaration   rendue   publique, hier,  par  le  biais  de  leur  avocat, Mokrane Aït-Larbi, les cinq détenus d’opinion condamnent “les déclarations d’officiels marocains qui tentent d’instrumentaliser la Kabylie, son histoire,  ses  luttes, ses  militants  et  ses  détenus  dans  des  rééquilibrages géopolitiques qui ne les concernent pas”.

Cette sortie vient couper l’herbe sous les pieds de la diplomatie marocaine qui tente le diable en Kabylie. La position des détenus ne souffre aucune ambiguïté. Elle balaie d’un revers de la main l’intrusion de l’Etat marocain dans les affaires internes de l’Algérie et empêche ainsi toute possibilité de surfer sur les divergences internes qui animent la vie politique nationale.

Farouches opposants au pouvoir politique, les cinq détenus, qui plaident depuis longtemps pour une refondation de l’Etat dans le sens d’une autonomie régionale, les compagnons de cellule de Hammou Boumedine demeurent intransigeants sur la question de leur propre autonomie politique et intellectuelle. 

En filigrane, les cinq détenus, qui ont fait  preuve  d’une haute conscience des enjeux de l’heure, rejettent vigoureusement le soutien, aussi sournois que vicieux, des officiels marocains à la Kabylie, un soutien dont d’aucuns voient plutôt une tentative d’exercer un chantage contre l’Algérie concernant la question du Sahara Occidental.

Leur sortie renseigne pleinement sur  leur capacité  de  discernement  par ces temps troubles. Sans sombrer dans le piège  de  la justification, leur déclaration comporte en effet plusieurs messages.

Que la Kabylie ne  serait  faire  le  jeu  d’Etats  étrangers  et  qu’elle  a  de tout temps refusé de “pactiser avec le diable”.  Et par extension, les  cinq  détenus répondent à tous ceux qui en Algérie stigmatisent cette région qui a longtemps souffert d’ostracisme en tout genre.

Une déclaration  qui  doit  faire  apprendre  aux  apprentis  sorciers locaux les vertus du silence. Mais, en substance, leur message s’adresse aussi à ceux ont décidé de les mettre en prison leur montrant que  leur  patriotisme ne se négocie jamais.

Et c’est en ce sens qu’ils réaffirment  dans  leur  déclaration  le “caractère arbitraire” de leur détention pour “des inculpations  surréalistes” pour des militants ayant défendu pacifiquement leurs opinions.

“Détenus depuis le 27 juin 2021 avec des inculpations surréalistes, nous réaffirmons avec force les convictions politiques plurielles que nous avons toujours défendues publiquement et pacifiquement”, ont-ils écrit.

Les cinq rappellent un principe cardinale de la démocratie en insistant  que “dans leur diversité, ces opinions relèvent du débat citoyen et non de la justice pénale”. A ce titre, les rédacteurs de cette déclaration ont tenu à dénoncer leur détention qui, qualifient-ils, “viole les principes fondamentaux du droit”.

Pour rappel, les cinq détenus sont poursuivis pour  de lourdes charges, dont des délits et des faits criminels, sur la base de l’article 79 du code pénal et l’article 87 bis mis en vigueur suite à l’ordonnance présidentielle du 9 juin 2021 et publié dans le journal officiel n°45.

Parmi  les  griefs  retenus  à  leur  encontre, figurent  “appartenance à organisation terroriste”, “atteinte à l’unité nationale et à la stabilité des institutions et à leur fonctionnement”… Il faut peut-être ajouter à ces chefs d’inculpation le délit de s’opposer fermement l’ingérence étrangère ! 
 

S. L.

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