Les pratiques du pouvoir, à travers les médias, sont “un mépris et une moquerie insupportable envers la galère de la majorité des Algériens”, dénonce Mme Hanoune.
Le Parti des travailleurs (PT), par la voix de sa secrétaire générale, Louisa Hanoune, a dressé hier un constat accablant des pratiques du pouvoir visant à discréditer le Hirak et à criminaliser la libre pensée et l’exercice politique en Algérie.
“Le pouvoir use d’une propagande hideuse jamais vue même au temps du parti unique au sommet de sa puissance”, a déclaré, hier matin, Louisa Hanoune, lors de l’ouverture de la session ordinaire du bureau politique du PT, qui coïncide avec la célébration, le 22 février dernier, de l’an II du déclenchement du Hirak. Mme Hanoune accuse le pouvoir de distiller, à travers les médias publics, des “contrevérités” pour cacher ce que nous vivons en Algérie comme “impasse politique et crise socioéconomique”.
Les pratiques du pouvoir, à travers les médias, sont “un mépris et une moquerie insupportable envers la galère de la majorité des Algériens”, dénonce Mme Hanoune, qui les qualifie de “provocation”.
Parallèlement, “le régime continue de s’engouffrer dans ses crises, qui sont mortelles”, a-t-elle ajouté, notant que depuis le début du “processus contre-révolutionnaire”, engagé par le régime au lendemain de la démission forcée de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika le 2 avril 2019, “nous avons vu comment ce pouvoir qui s’est imposé à nous exploite la religion à des desseins politiques et pour faire passer sa politique révisionniste”.
Pour la SG du PT, “ces manœuvres dangereuses ouvrent la voie à de graves dérapages, à la persécution” contre toutes celles ou tous ceux qui osent penser différemment et librement. C’est le cas du chercheur en islam, Saïd Djabelkhir, victime d’une plainte déposée par un enseignant universitaire de Sidi Bel-Abbès pour des publications sur les réseaux sociaux, qu’il considère comme une offense au prophète et à la religion musulmane.
“ Alors que l’État devrait protéger les droits et la liberté de recherche académique, la justice, elle, enregistre la plainte”, dénonce Louisa Hanoune. “En parallèle et pour des raisons religieuses, il est procédé à l’arrestation et au jugement d’activistes et de simples citoyens, comme si nous étions au Moyen Âge”, a-t-elle insisté, voyant en cela “une jonction entre les puissances obscurantistes et un régime non démocratique rejeté par la majorité écrasante du peuple.
Dans l’histoire de l’humanité, tout régime rejeté par le peuple ne peut s’appuyer sur une base populaire, mais sur les prédateurs, les corrompus, le clientélisme qu’il crée lui-même et les extrémistes religieux, ainsi que sur les esprits obscurantistes, les grandes puissances pour obtenir leur soutien, afin de garder le pouvoir”.
En d’autres termes, le départ forcé de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika n’a rien apporté de nouveau au pays, si ce n’est un changement d’homme au sein d’un même système politique décadent.
“Le système est resté le même, avec les mêmes politiques anti-sociales, les mêmes pratiques politiques totalitaires et de hogra”, a-t-elle déclaré dans son intervention, parce que, selon elle, “le processus électoral qui a été imposé, à partir de la présidentielle de 2012, était biaisé”.
Et deux ans après le déclenchement du Hirak, le 22 Février 2019, “le pouvoir continue dans son entêtement et dans son déni”, alors que la quasi-majorité des voix aspire à un changement politique profond, et à “aller de l’avant vers la deuxième République”, a appuyé encore Mme Hanoune, qui a multiplié les interventions dans ce contexte d’impasse politique et de rejet du pouvoir de toute initiative émanant de la rue et de l’opposition politique.
“Le pouvoir pense qu’il peut se jouer de l’intelligence des Algériens, en recourant à l’installation d’organisations (observatoire, hauts conseils, etc.), dont le but est la caporalisation de la vie politique et associative”, a-t-elle soutenu.
“Nous n’avons pas besoin d’observatoires. La plupart des Algériens ont besoin de politiques qui répondent à leurs aspirations, de décisions qui rompent avec des pratiques politiques et sociales qui sont à l’origine de la décadence dans notre pays”, a-t-elle insisté, estimant que cela contribue à la généralisation de la corruption.
Lyès MENACER