L’Actualité LA RÉÉVALUATION DES PROJETS COÛTE À L’ÉTAT PLUS DE 8 900 MILLIARDS DE DINARS

Le grand gaspillage

  • Placeholder

Ali TITOUCHE Publié 20 Septembre 2021 à 00:36

© Archives Liberté
© Archives Liberté

Les surcoûts exorbitants que génèrent les réévaluations récurrentes des projets d’équipements publics pèsent lourdement sur le budget de l’État. Un  véritable  gouffre  financier, mais  aussi  une source de gabegie.

Les opérations de réévaluation à répétition des projets d’équipements publics ont coûté à l’État 8 908 milliards de dinars sur la période 2005-2020, soit une moyenne de près de 600 milliards de dinars par an. 

Le  chiffre  a  été  communiqué,  jeudi,  par  le  Premier  ministre, Aïmene Benabderrahmane, lors d’une plénière  consacrée  à ses  réponses aux questions des députés sur le plan d’action  du  gouvernement.  Les effets pervers de la politique d’expansion budgétaire qui a marqué les 20 dernières années ne sont plus un tabou.

Certes, le pays avait un besoin criant en infrastructures et investissements. La dépense publique de la décennie 2000, voire jusqu’en 2015 — années marquées par une hausse des cours mondiaux du pétrole — a donné lieu à de multiples fléaux économiques, à l’image de la corruption, de la gabegie et du gaspillage des ressources financières.

Bien que les budgets étaient codifiés par une loi de finances principale et une loi de finances complémentaire, devenue une règle, les gouvernements de l’époque semblaient se ménager des marges de manœuvre supplémentaires afin de réévaluer des projets d’équipements et des autorisations de programme. 

Le montant des surcoûts générés par la réévaluation à répétition des projets, communiqué, jeudi, par le Premier ministre, donne le tournis et renseigne sur une pratique érigée en règle dans la budgétisation et la gestion des programmes d’investissement public.

On parle ici  d’une  dérive  qui  représente près de 80 milliards de dollars en quinze ans, soit près du double du  solde actuel  des  réserves de changes. Dans ses rapports d’appréciation sur l’exécution des budgets, la Cour des comptes a, pourtant, à maintes reprises, sonné le tocsin quant aux surcoûts résultant des réévaluations successives des projets. Pratiquement tous les ministères et les institutions de l’État s’adonnaient à cette pratique pourtant si nuisible à l’économie. 

Dans certains cas cités par la Cour des comptes, le taux de réévaluation des autorisations de programme atteignant les 1000%. Dans leurs différents rapports, les magistrats financiers de la Cour des comptes ont écrit que l’absence ou l’insuffisance de maturation des opérations d’investissement, notamment en matière des études des projets, a été à l’origine de réévaluations répétées des opérations d’équipement.

“L’examen par la Cour des comptes des budgets d’équipement a permis de relever qu’un nombre important d’opérations a fait soit l’objet de réévaluations, soit de restructurations et, dans certains cas, les deux à la fois, durant la phase de réalisation des projets et parfois même avant le lancement des travaux d’exécution. Les modifications opérées ont porté le plus souvent sur les coûts, la consistance physique des travaux, les délais d’exécution ou encore sur la structure des projets”, a écrit l’institution dans son rapport d’appréciation de l’exécution du budget de l’année 2015. 

Les  importations  des  services  à  coups  de  10  à 12  milliards  de  dollars annuellement n’ont pas  servi, semble-t-il, à anticiper les  surcoûts  à travers une bonne maturation et une gestion efficiente des projets. La pratique de la surfacturation et de la réévaluation des projets a été l’une des caractéristiques de la gouvernance économique des années post-2000.  
 

Ali TITOUCHE

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00

  • Chroniques DROIT DE REGARD Trajectoire d’un chroniqueur en… Liberté

    Pour cette édition de clôture, il m’a été demandé de revenir sur ma carrière de chroniqueur dans ce quotidien.

    • Placeholder

    Mustapha HAMMOUCHE Publié 14 Avril 2022 à 12:00