L’Actualité il prévient contre le risque de déséquilibreS économiqueS en algérie

Les alertes du FMI

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Meziane RABHI Publié 05 Octobre 2021 à 10:33

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“La persistance du déficit public engendrerait des besoins de financement sans précédent, épuiserait les réserves de changes et présenterait des risques d’inflation”, met en garde le Fonds monétaire international au terme d’une récente mission en Algérie.

La persistance des déficits budgétaires élevés à moyen terme engendrerait des besoins de financement sans précédent, épuiserait les réserves de changes et présenterait des risques pour l’inflation, la stabilité financière et le bilan de la Banque centrale. Globalement, la capacité des banques à prêter au reste de l’économie serait fortement entravée, ce qui aurait des conséquences négatives pour la croissance.  La mission du Fonds monétaire international (FMI), dirigée par Geneviève Verdier, qui s’est entretenue par visioconférence avec les autorités algériennes du 13 septembre au 3 octobre 2021, dans le cadre des consultations de 2021 au titre de l’article IV, a pointé, une nouvelle fois, les vulnérabilités de l’économie algérienne.

Elle a souligné “l’urgence de rétablir une stabilité macroéconomique et une marge de manœuvre, tout en protégeant les groupes les plus vulnérables et en soutenant la reprise”. La pandémie et la baisse concomitante de la production et des prix du pétrole ont eu de “graves répercussions” sur l’économie l’année dernière, “entraînant une forte contraction du PIB réel de 4,9% en 2020”, a indiqué, hier, Geneviève Verdier, cheffe de mission pour l’Algérie et cheffe de division au département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, lors d’une visioconférence. La cheffe de mission du FMI pour l’Algérie est revenue sur les mesures prises par le gouvernement, visant à atténuer l’impact de la pandémie sur l’économie, notamment les reports d’impôts, une augmentation des dépenses de santé, un transfert ponctuel aux ménages à faible revenu, des réductions du taux directeur de la Banque centrale et du ratio de réserves obligatoires, ainsi que l’assouplissement des règles prudentielles applicables aux banques. “Ces mesures ont permis de protéger l’économie, mais la pandémie a encore mis en évidence les facteurs de vulnérabilité de l’économie algérienne”, a fait remarquer la responsable du FMI. Cette dernière indique qu’en raison “de déséquilibres macroéconomiques de longue date”, les pouvoirs publics disposent “d’une marge de manœuvre considérablement réduite”.

La politique budgétaire “expansionniste, menée depuis plusieurs années, a contribué à porter les déficits extérieurs courants à des niveaux élevés”, a constaté le FMI, malgré une politique de compression des importations. Elle a entraîné “de vastes besoins de financement qui ont été, dans une large mesure, satisfaits à travers la Banque centrale”. L’institution financière internationale a fait état du creusement des déficits budgétaire et extérieur en 2020, “alors que les réserves internationales, qui demeurent à un niveau adéquat, ont baissé de 62,8 milliards de dollars en 2019 à 48,2 milliards de dollars à la fin 2020”. 

Le FMI table sur l’essoufflement de la croissance à moyen terme
La mission et les autorités sont d’avis que la transition de l’Algérie vers un nouveau modèle de croissance passe également par la mise en œuvre de réformes fondamentales visant à renforcer la transparence et la gouvernance des institutions. Le FMI projette une croissance à plus de 3% cette année, soutenue par la reprise des prix et de la production des hydrocarbures. L’inflation s’est accélérée pour atteindre 4,1% en moyenne annuelle en juin 2021, “en partie sous l’effet d’une augmentation des cours internationaux des produits alimentaires et d’un épisode de sécheresse en Algérie”. Cependant, l’institution de Bretton Woods table sur un essoufflement de la croissance à moyen terme “du fait de l’érosion probable de la capacité de production dans le secteur des hydrocarbures dans un contexte de réduction des projets d’investissements décidée en 2020, et des politiques actuelles qui limiteraient le crédit au secteur privé”. La cheffe de division au département Moyen-Orient et Asie centrale du Fonds a insisté sur l’urgence de mettre en œuvre “un ensemble complet et cohérent de politiques budgétaire, monétaire et du taux de change”, afin de réduire les vulnérabilités de l’économie algérienne. “Un ajustement budgétaire général, qui donne en même temps la priorité aux mesures de protection des plus vulnérables, devrait être entamé en 2022 et s'échelonner sur plusieurs années pour maintenir la viabilité de la dette”, recommande-t-elle.

Cet ajustement devrait être étayé par des politiques visant à améliorer le recouvrement des recettes, à réduire les dépenses et à accroître leur efficacité. “Le financement monétaire devrait être interdit, afin d’endiguer l’augmentation de l’inflation et l'épuisement rapide des réserves de changes, tout en diversifiant les sources de financement budgétaire, y compris à travers le recours à l’emprunt extérieur”, suggère le FMI. Pour faire face aux difficultés macroéconomiques, soutient-on, “il serait opportun, pour les autorités algériennes, de diversifier ses stratégies de financement” et de ne pas s’appuyer uniquement sur les banques. Pour le moment, les autorités algériennes ne sont pas ouvertes aux financements extérieurs. Mais l’État n’a pas exclu le recours au financement extérieur pour les grands projets structurants et stratégiques. Geneviève Verdier a ajouté qu’une plus grande flexibilité du taux de change contribuera à renforcer la résilience de l'économie aux chocs externes. 

Par ailleurs, un resserrement de la politique monétaire permettra d’endiguer les pressions inflationnistes. Pour autant, la responsable du FMI précise que “le taux de change ne doit pas porter le fardeau de l’ajustement”, estimant que la flexibilité du taux de change doit être accompagnée par des mesures d’ajustement budgétaire et des réformes structurelles. “Les vulnérabilités ne vont pas disparaître sans action”, estime la cheffe de mission pour l’Algérie du FMI, qui a noté que le gouvernement algérien a conscience de cet état de fait en inscrivant dans son plan d’action un ensemble de réformes structurelles.

“La mission et les autorités sont d’avis que la transition de l’Algérie vers un nouveau modèle de croissance passe également par la mise en œuvre de réformes fondamentales visant à renforcer la transparence et la gouvernance des institutions juridiques, budgétaires et monétaires dans l’ensemble du secteur public, et à réduire les obstacles à l’entrée dans l’économie formelle”, indique les services du FMI. L’application de la loi organique relative aux lois de finances “constitue une étape importante dans l’amélioration de la gouvernance budgétaire”, souligne le communiqué.

La mission du FMI a salué “les efforts des autorités pour réduire les restrictions à l’investissement direct étranger et leurs plans de modernisation du cadre juridique de l'investissement et de la concurrence, ce qui contribuerait à diversifier l'économie et réduire sa dépendance aux hydrocarbures et à favoriser l'investissement du secteur privé et la création d'emplois”. Elle a également salué “les annonces récentes concernant des plans de réduction des charges administratives et les réformes à venir pour réduire la vulnérabilité à la corruption”.

 


Meziane Rabhi

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