L’Actualité Kouider Boutaleb, économiste

“Un grand ministère de la Planification s’impose”

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Meziane RABHI Publié 24 Janvier 2022 à 11:20

© D.R
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Liberté : L’économie algérienne dispose-t-elle des capacités de résilience permettant l’absorption des “chocs” externes ?

Kouider Boutaleb : Potentiellement, la réponse est positive. Notre pays regorge de ressources matérielles (infrastructures routières, ports, aéroports…), humaines (des universitaires de toutes spécialités parmi eux des docteurs en chômage) et même financières (nous disposons encore de 40 milliards de dollars et nous ne sommes pas endettés). 
Tout ce qu’il faut pour construire une économie efficiente, diversifiée, capable d’absorber les chocs extérieurs. Dans les faits, nous demeurons dépendants, à ce jour, des revenus des hydrocarbures, faute d’engagement dans un cercle vertueux de croissance et de progrès, se contentant de discours sur les réformes et le changement perpétuel des hommes chargés de piloter avec efficacité et efficience nos institutions.

Quelles sont les réformes nécessaires pour renforcer la résilience de l’économie algérienne ?

Tous les experts et les observateurs attentifs de l’économie algérienne s’accordent, depuis longtemps, sur l’incontournable diversification de l’économie algérienne. Comment régénérer notre tissu industriel pubic dans un cadre concurrentiel – à l’exemple de nombreux pays ayant réussi à transformer leurs grandes entreprises publiques en créatrices de richesses et se départir des perfusions sans retour du Trésor public –, comment drainer les ressources privées vers des investissements productifs permettant de restreindre les importations d’intrants, comment développer notre agriculture dans ses différentes spéculations (blé, légumineuses, fruits et légumes pour une couverture des besoins domestiques et pour l’exportation…) et comment construire un système financier et bancaire performant, capable de drainer et d’allouer productivement les ressources disponibles vers des emplois productifs et non spéculatifs, en dehors de toute injonction. Et d’autres questions fondamentales dont le traitement a fait l’objet de travaux académiques, de nombreuses assises et des recommandations récurrentes de la part des institutions internationales (FMI, BM, FAO…) depuis longtemps déjà. Mais qui est à l’écoute ?

Le plan d’action du gouvernement prévoit des réformes pour faciliter la transition vers un modèle de croissance plus inclusif et plus durable. Qu’en pensez-vous ?

Nous avons tous pris connaissance du plan d’action du gouvernement pour “faciliter la transition vers un modèle de croissance plus inclusif et plus durable”. 
Un document plein d’intentions mais dépourvu de chiffres et de périodisation dans les actions transformatrices envisagées. Alors que seule la création d’un grand ministère de la Planification nationale, indicative, telle qu’elle se pratique dans les économies de marché, s’impose, employant des centaines d’économistes, de sociologues, de mathématiciens et d’économètres pour la modélisation des variables économiques et la réduction des incertitudes… qui sera chargé d’élaborer et de chiffrer tous les scénarios décisionnels dans tous les domaines d’activité, veillant à la cohérence d’ensemble et aux synergies, pour sortir de l’empirisme qui prédomine dans la prise de décision publique, comme c’est le cas de la Turquie sous l’autorité du président Erdogan, à titre d’exemple.

 

 

Propos recueillis par : Meziane Rabhi

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