Le ministre des Finances a indiqué tout récemment devant les membres de l'Assemblée populaire nationale (APN) que son département s’attelait à trouver une solution à la prolifération du change informel en associant tous les acteurs à travers une approche globale.
“De tels marchés existent dans beaucoup de pays du G20” a-t-il soutenu, mais ce qui inquiète en Algérie, “c'est l'origine de ces capitaux”, a-t-il affirmé sans donner plus de précisions. En 2018, le Fonds monétaire international (FMI) avait consacré, dans un rapport, une analyse au marché des changes parallèle et illégal qui s’est formé au fil des ans, et qui semble gagner en ampleur et en sophistication.
Pour l’institution de Bretton Woods, juguler le marché des changes parallèle devrait être une des priorités du gouvernement. L’offre de devises sur le marché parallèle provient probablement, pour la majeure partie, des rapatriements des retraites d’anciens expatriés algériens, des envois de fonds d’expatriés algériens actuels, de la surfacturation des importations et des recettes touristiques qui échappent au secteur bancaire.
La demande semble être alimentée par les opérations de change en vue d’importations faisant l’objet de restrictions ou d’autres achats pour lesquels le bien-fondé de l’opération ne peut être établi, de la fuite de capitaux pour investir à l’étranger ou échapper à l’impôt, et/ou comme réserve de valeur et la spéculation sur les fluctuations des taux de change officiel et parallèle.
“L’existence du marché parallèle complique la gestion macroéconomique car elle alimente les anticipations inflationnistes, fausse la formation des prix et affaiblit les canaux de transmission de la politique monétaire”, avait estimé le FMI.
Ce dernier estime que “l’ajustement progressif du taux de change officiel, le relèvement des plafonds indicatifs des montants de devises que les voyageurs peuvent emporter et l’assouplissement des restrictions aux importations pourraient réduire l’ampleur du marché parallèle, mais ne suffiraient pas à l’éliminer”.
Pour le FMI, l’unification des deux marchés ne sera possible qu’en libéralisant progressivement les transactions en capital, une mesure qui ne pourra être envisagée qu’une fois les conditions macroéconomiques devenues plus favorables.
La prime appliquée sur le marché parallèle s’élèverait actuellement à environ 40% du taux de change officiel. Sur le marché parallèle, un euro s’échange contre 209 dinars à l’achat et à 211 dinars à la vente, alors que le dollar se négocie à 171 DA à l’achat, et 174 DA à la vente.
Sur le marché officiel, la valeur de l’euro est fixée par la Banque centrale à 167,34 DA la semaine dernière, alors que le dollar valait 139,37 dinars. En l'espace de dix ans, le dinar a perdu 42% de sa valeur vis-à-vis du dollar américain et 74% de sa valeur vis-à-vis de l'euro.
En 2011, il fallait débourser (en moyenne annuelle) 102 dinars pour avoir un euro et 73 dinars pour avoir un dollar américain. En 2020, il faut débourser (en moyenne annuelle) un peu plus de 144 dinars pour avoir un euro et un peu plus de 127 dinars pour avoir un dollar américain.
Meziane RABHI