Les déboires judiciaires que connaissent deux chefs de partis d’opposition démocratique, Fathi Ghares du Mouvement démocratique et social (MDS), condamné à 2 ans de prison, et Mohcine Belabbas du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), mis sous contrôle judiciaire, mais aussi et surtout leur simultanéité inquiètent grandement le Parti des travailleurs (PT) au point de s’alarmer pour l’avenir du multipartisme en Algérie.
Dans un communiqué rendu public jeudi 13 janvier, le parti de Louisa Hanoune a estimé qu’à travers le “procès politique” du militant Fethi Ghares dont les avocats ont fait la démonstration de “l’illégalité de la procédure d’arrestation” et de “la nullité des poursuites” l’ayant visé, c’est “le procès du MDS et l’activité politique dont il a été question”. “Le réquisitoire du procureur de la République et les questions du juge l’ont établi”, a-t-il insisté.
Aux yeux du PT, “ tous les chefs d’inculpation qui ont conduit à l’arrestation puis à la condamnation de Fethi Ghares sont en relation directe et exclusive avec ses positions, ses déclarations et ses activités politiques, celles qu’il a exprimées et faites, en sa qualité de porte-parole du MDS”. Pour le PT, il n’y a pas l’ombre d’un doute qu’“à travers Fethi Ghares, condamné lourdement, c’est le multipartisme qui est visé et menacé”.
Ce qui renforce la conviction du PT que le multipartisme est en danger et le fait que le verdict prononcé contre Fethi Ghares a été précédé d’“une mise en demeure adressée par l’administration au RCD le sommant de ne plus organiser à l’intérieur de son siège national des activités politiques ouvertes aux partis et aux acteurs de la société civile”, suivie d’“une décision de mise sous contrôle judiciaire du président du RCD”.
Sans parler des “arrestations, des convocations et des condamnations pour délit d’opinion” qui, selon le PT, “se comptent par dizaines chaque jour”. Pour le parti de Louisa Hanoune, cette politique du “tout répressif’’ adoptée par le pouvoir en place s’explique par sa volonté de se prémunir contre la réaction hostile des Algériens aux décisions impopulaires du gouvernement.
“Parce qu’il impose des politiques anti-populaires, anti-nationales et anti-démocratiques, et pour encamisoler la société, le pouvoir en place recourt systématiquement à la répression à chaque fois qu’il est contrarié dans ses choix et ses orientations”, a-t-il analysé, avant de poursuivre : “Les effets déjà désastreux sur la vie de l’immense majorité du peuple, de ses choix et de ses orientations économiques et sociales qu’il sait capables de provoquer de fortes réactions populaires, le poussent à accélérer davantage la machine répressive, sans même s’embarrasser des formes juridiques insensées et choquantes dans lesquelles elle est légalisée (…).”
Sur le plan social, le Parti des travailleurs a expliqué les dernières pénuries sur certains produits de base (le pain, l’huile, le lait, etc.) et l’augmentation de leurs prix par les décisions du gouvernement, notamment la suppression du soutien de l’État aux prix des produits de large consommation et la dépréciation du dinar qui, selon lui, sont à la base de la spéculation.
Pour le PT, la dégradation de la situation sociale a atteint un niveau très inquiétant. “L’endettement des ménages a atteint des proportions terrifiantes confirmant un affaissement social d’une brutalité sans précédent.”
Évoquant la question de tamazight, Yennayer, oblige, le Parti des travailleurs a estimé que l’épanouissement de l’identité algérienne amazighe passe par “le départ de l’ordre ancien fondé sur l’oppression et l’exploitation héritées du système de parti unique”.
Arab C.