Le rituel hebdomadaire a connu une nouvelle affluence qui tranche nettement avec les tentatives d’intimidation et les manœuvres judiciaires.
“Le caractère subversif n’entache aucunement le Hirak qui est un mouvement populaire pacifique et rassembleur. C’est pourquoi, nous ne céderons à aucun chantage ou menace tant que le Hirak n’a pas atteint ses objectifs de changement par l’instauration d’un véritable État de droit et de liberté.”
C’est par ces mots que Hicham, jeune hirakiste, toujours présent aux marches populaires hebdomadaires à Constantine, a voulu réagir d’abord à la tournure prise par l’affaire Saïd Chetouane, puis aux mises en garde énoncées lors de la dernière réunion du Haut-Conseil de sécurité.
C’était hier, pendant la marche du 112e vendredi à Constantine depuis le 22 février 2019 et la 7e depuis la reprise du Hirak. Une marche qui n’a pas failli à la tradition en termes d’affluence appréciable, de slogans et de témérité des hirakistes qui ont envahi le centre-ville dès 13h et sillonné en boucle ses principales artères.
Rencontré parmi ces derniers, le professeur Sofiane Chioukh, membre de l’instance présidentielle du FFS, dira : “C’est toujours avec une immense émotion et beaucoup de plaisir que nous prenons part à ces marches avec le peuple dans cette révolution pacifique. Notre participation à ces marches est aussi synonyme d’interpellation pour nous, en tant que responsables politiques, sur les mécanismes envisageables pour une issue à cette crise.
Il est vrai, poursuit-il, que lorsqu’on voit toutes ces personnes dans la rue, il faudrait vraiment être naïf pour ne pas reconnaître qu’il y a une profonde crise politique dans le pays.” Pour lui, “cette crise ne saurait trouver des solutions dans le maintien de ces agendas politiques imposés au peuple.
C’est pour cela qu’en tant que représentants d’un parti politique qui a toujours été une force de proposition respectable et respectée, nous avons décidé de ne pas participer aux prochaines élections législatives, mais nous avons aussi un projet de convention dont l’âme est de conjuguer tous les efforts et de créer des passerelles de communication, afin d’emmener toutes les forces constructives du pays vers un véritable débat pour ne pas dire une véritable négociation, afin de trouver une solution à cette crise.
Ce mouvement populaire doit avoir des relais et des projets politiques à proposer au même titre que la majorité silencieuse qui a son mot à dire et des partis politiques qui ont un rôle à jouer et également les tenants du pouvoir qui font partie de cette équation.
Nous devons donc œuvrer ensemble pour trouver les mécanismes adaptés à même d’emmener tout ce beau monde vers cet espace de débat indispensable pour trouver des solutions à la crise politique du pays.”
Pour sa part, son accompagnateur dans cette marche, qui n’est autre que l’ex-premier secrétaire du FFS, Abdelmalek Bouchafa en l’occurrence, parlera d’une dynamique politique et sociale inédite depuis l’indépendance. Laquelle dynamique se fonde sur “une portée essentielle qui est le changement radical de ce système politique”.
“La solution actuellement n’est pas dans la tenue d’élections, car comme il est admis dans les pays démocratiques, les élections sont un moyen qui consacre l’alternance pacifique et consensuelle au pouvoir, sauf en Algérie où les rendez-vous électoraux sont une occasion pour le pouvoir de consolider sa politique du fait accompli.
Et partant, cette dynamique populaire doit évoluer des marches populaires vers une démarche politique globale aux contours bien définis et qui serait à même de mettre un terme au pouvoir répressif en place”.
Kamel GHIMOUZE