Sports Dr Messaoud Nasser Kamel, président de l’Association algérienne de médecine sportive

“Loukar n’aurait pas dû reprendre le match”

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Said OUSSAD Publié 29 Décembre 2021 à 09:29

© D.R
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Le docteur Messaoud Nasser Kamel, dermatologue, est le président de la toute nouvelle Association algérienne de médecine sportive. Il évoque, dans cette interview, le drame qui a coûté la vie à Sofiane Loukar, le joueur du MC Saïda, lors de la rencontre face  à l’ASM Oran au stade de Bouakeul.

Liberté : Que s’est-il passé au stade de Bouakeul samedi dernier ?

Kamel Nacer Messaoud : Je n’étais pas au stade, mais d’après les échos de mes confrères présents sur place, il y a eu un télescopage entre le gardien de but de l’ASM Oran et le joueur du MC Saïda, Sofiane Loukar, Allah irahmou, qui a occasionné une chute brutale des deux joueurs et n’a pas permis d’avoir un diagnostic exact sur l’importance de la blessure. Toujours est-il que devant des blessures pareilles, notamment quand il y a des télescopages, les recommandations de la FIFA sont strictes à ce sujet. L’exemple de Bounedjah suite à son choc face à l’Égypte en est l’exemple parfait : l’instance dirigée par Infantino l’a obligé à observer un repos de six jours. Juste pour vous dire qu’après un choc au niveau de la tête, un joueur ne doiit pas reprendre tout de suite la compétition. Il doit se reposer au minimum quatre minutes pour analyser ses gestes végétatifs et tous les médecins connaissent ce protocole. Les soins prodigués en pareil cas sont des soins d’urgence et je pense qu’il faut la présence dans tous les stades d’ambulances, pas uniquement de la Protection civile, mais également du SAMU, équipées de matériels et de personnels médical et paramédical spécialisés pour prendre en charge convenablement le joueur blessé, le ranimer et le transporter dans les meilleures conditions vers l’établissement hospitalier le plus proche.
 
Pensez-vous qu’il y a eu défaillance au stade Bouakeul ?

Cela reste un avis personnel, puisque je le répète, je n’étais pas présent au stade, mais dans la logique des choses, un joueur ne reprend pas la compétition après un pareil télescopage. Les images sont édifiantes : la chute était importante et même quand Sofiane Loukar a touché le sol, on sentait qu’il avait légèrement perdu connaissance. La chute témoigne des pertes de facultés motrices et végétatives du joueur à l’instant du choc. C’est vrai qu’il voulait reprendre la compétition puisqu’il était capitaine d’équipe... La suite tout le monde la connaît.
 
Pourtant, on parle de l’absence de défibrillateur dans le stade…

La Fédération algérienne de football oblige les clubs à disposer de défibrillateur lors des matchs. Ce qui s’est passé au cours de la dernière Coupe d’Europe avec le Danois Eriksen a poussé la FIFA à exiger la présence de défibrillateur pendant les compétitions qui se jouent sous son égide. En ce qui concerne le MC Oran, nous sommes là pour mettre à leur disposition notre défibrillateur. Je rappelle qu’un défibrillateur est un petit appareil qui ne coûte pas cher et qui peut sauver des vies humaines. Je pense, pour ma part, qu’après cet évènement tragique, des dispositions seront prises par les instances du football algérien pour obliger les équipes de division 2 à avoir leur défibrillateur pendant leurs matchs, comme stipulé du reste par le règlement du championnat de Ligue 2. 

Si on comprend bien, les stades algériens ne sont pas conformes concernant les équipements médicaux...

Il faut la présence impérative d’une ambulance du SAMU équipée d’un défibrillateur et d’oxygène, ainsi que d’un personnel spécialisé pour transporter le blessé. Vous savez que lorsqu’un joueur chute, il y a des positions à prendre, des statures à éviter et le brancardier doit être formé à cela. Nous avons, au plan national, le personnel et les équipements adéquats.
 
Qu’en est-il des dossiers médicaux d’avant-saison des joueurs ?

Le PCMA est un dossier médical obligatoire annuel qui doit comprendre une échographie du cœur qui peut détecter, avec les nouvelles machines, les petites malformations cardiaques qui passent inaperçu avec un simple appareil. Ces machines nous permettent de prévenir aussi des accidents à l’exemple de certains joueurs qui se sont rendus compte après des années qu’ils avaient des malformations cardiaques comme ce fut le cas d’Aguero ou Thuram. Il y a aussi l’électrocardiogramme et une série d’examens préconisés par la FIFA. 
Je voudrais aussi attirer l’attention sur un chapitre qui reste négligé chez nous, qui est le dopage. Je pense que maintenant, nous pouvons mettre à disposition des tests urinaires rapides pour déceler tout dopage. Je pense que ces examens devraient s’étendre sur la compétition nationale pour faire des dépistages de dopage de manière systématique, comme c’est le cas dans les autres pays.

 

 

Interview réalisée par :SAÏD OUSSAD

 

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