L’Actualité DÉCEMBRE ET JANVIER N’ONT APPORTÉ QU’UN TIERS DE LEUR APPORT HABITUEL EN PRÉCIPITATIONS

Le spectre de la sécheresse se précise

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Samir LESLOUS Publié 02 Février 2022 à 23:07

Le niveau de remplissage du barrage Taksebt n’est que de 50 millions de mètres cubes, soit 29% de ses capacités. © D. R.
Le niveau de remplissage du barrage Taksebt n’est que de 50 millions de mètres cubes, soit 29% de ses capacités. © D. R.

Les  mois  de  décembre  et  janvier  derniers  ont  été  déficitaires  avec seulement un tiers  des  apports  habituels en  pluies.  le  docteur Malek Abdeslam, directeur du laboratoire hydraulique de l’université Mouloud-Mammeri, voit se profiler à l’horizon le spectre d’une saison estivale des plus dures.  

La situation hydrique, qui commençait déjà à nourrir les inquiétudes depuis fin décembre dernier en raison de la faiblesse des volumes d’eau stockés dans les barrages et du retard accusé en matière de renforcement du dessalement d’eau de mer, devient préoccupante au fur et à mesure que la saison hivernale s’écoule sans que les niveaux de précipitations s’améliorent. Des précipitations tellement faibles, voire insignifiantes, que les spécialistes voient déjà se profiler à l’horizon le spectre d’une saison estivale des plus dures. 

Les chiffres dévoilés, hier, par le Dr Malek Abdeslam, directeur du laboratoire d’hydraulique de l’université Mouloud-Mammeri, sont à la fois de nature à inquiéter et à interpeller les responsables concernés par les mesures à prendre à l’effet d’atténuer un tant soit peu de la gravité de la situation qui s’annonce quasi inéluctable, à moins bien sûr d’un miracle qui viendrait du ciel.

“Après les mois de septembre et octobre déficitaires partout, malgré un épisode pluvieux enregistré le 24 octobre, voilà que les mois de décembre et janvier ont été encore déficitaires, avec seulement un tiers des apports habituels”, a expliqué ce spécialiste en hydraulique.

Selon les chiffres rapportés par ce dernier, seul le mois de novembre 2021 a été extraordinairement excédentaire au plan de la pluviométrie.“En novembre, la pluviométrie a été moyenne partout et très excédentaire sur le littoral centre, allant jusqu’à 3,5 fois les moyennes interannuelles”, a-t-il résumé.

Et citer, à titre indicatif, la wilaya de Tizi Ouzou qui a enregistré 350 mm de cumul de pluie en novembre, et 450 mm à Alger où, Bouzaréah, en particulier, a enregistré 700 mm. “Ces chiffres représentent 50% du total annuel”, a analysé le Dr Malek Abdeslam. 

Des moyennes certes appréciables, mais insuffisantes pour relever les niveaux des barrages qui ont démarré la saison quasiment à sec. Mais pas seulement.

“Les pluies sont tombées en aval des barrages et non pas sur leurs bassins versants, ce qui a fait qu’ils sont très peu alimentés”, a encore ajouté le Dr Malek Abdeslam, qui décrit un état de remplissage actuel des barrages qui en dit long sur la situation qui guette les populations dans les mois à venir.

“Le niveau de remplissage du barrage Taksebt est de 50 millions de mètres cubes, soit 29% de ses capacités ; Keddara a emmagasiné 35 millions de mètres cubes grâce au transfert de Beni Amrane, soit un taux de 25%, Koudiat Acerdoune est encore à moins de 5% et les barrages de l’Est sont en baisse vu les faibles apports”, détaille-t-il.

Et de rappeler qu’avant les grandes précipitations de novembre, ces barrage étaient à 1 et 2% de leurs capacités. “Pour atteindre de tels taux, les barrages de Taksebt et Keddara sont exploités à moins de 50% des pompages de l’an dernier. C’est ce qui a permis le stockage actuel”, a-t-il précisé.

Les prévisions pour les mois à venir ne sont pas de nature à permettre d’espérer une grande amélioration de la situation. “Les prévisions pour février sont pessimistes, pour mars elles sont meilleures mais inférieures à la moyenne, tout comme pour avril, à la différence pour ce dernier que la hausse des températures provoque plus d’évaporation”, prévient le Dr Abdeslam.  

S’agissant des solutions à mettre en place pour juguler le stress hydrique qui se dessine, Malek Abdeslam s’accroche à une récupération massive des eaux du Sébaou. Une solution, à vrai dire, déjà opérationnelle depuis avril 2021 mais qui n’est pas suffisamment exploitée.

“Depuis novembre 2021,  plus de 100 millions de mètres cubes d’eau ont atteint la mer, à Dellys. Il faut tout faire pour récupérer l’eau qui va continuer à couler jusqu’à juin 2022 et la stocker dans les nappes qui bordent le Sébaou et dans le barrage Taksebt, tout en pompant dans les forages de grandes quantités pour alimenter les réseaux d’AEP qui alimentent des milliers d’habitants”, propose-t-il. 

Début janvier dernier déjà, le Dr Malek Abdeslam tirait la sonnette d’alarme quant à la situation hydrique, affirmant que 600 à 700 000 mètres cubes/jour coulaient vers la mer. “Si on arrive à transférer 200 à 250 000 m3/j, soit l’équivalent de ce qui est extrait du barrage, la réserve actuelle de ce dernier pourra être préservée pour l’été.

Cela peut se faire facilement, d’autant que des projets de ce genre ne sont pas coûteux et peuvent être réalisés rapidement, contrairement aux grands projets de stations de dessalement qui prennent beaucoup de temps et nécessitent de gros budgets”, avait-il plaidé, tout en appelant à dupliquer ce procédé de récupération des eaux des oueds là où c’est possible, comme dans la Soummam et la Mitidja, et en même temps réhabiliter les nombreux forages à l’arrêt pour servir d’appoint. 
 

Samir LESLOUS 

 

 

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