L’Actualité “assigné à résidence” selon son frère Saïd

Bouteflika, l’arlésienne

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Souhila HAMMADI Publié 03 Janvier 2021 à 23:56

© D. R.
© D. R.

“Il  se retrouve (Abdelaziz Bouteflika, ndlr) assigné  à résidence”, a asséné Saïd Bouteflika, samedi, lors de son audition par le juge de siège à la cour d’appel militaire de Blida.

Que  valent  donc  les  révélations  de  l’ancien  conseiller  au  Palais d’El-Mouradia, qui s’est attelé à défendre davantage le frère  déchu  que sa propre cause (acquitté à l’issue du procès, mais maintenu en mandat de dépôt dans une autre affaire de corruption)?

Indéniablement, il a édifié l’opinion publique, pour la première fois, sur le sort réservé à l’ancien chef de l’État, après sa démission forcée le 2 avril 2019.

Saïd Bouteflika a évoqué, clairement, un emprisonnement “injustifié pour cette affaire (complot contre l’État et l’institution militaire, ndlr) et pour d’autres préfabriquées et imaginaires”.

Il est à se demander, dès lors, pour quelles raisons, celui que l’on désigne communément comme le “chef de la bande” n’est inculpé dans aucun dossier de corruption, ni accusé de “haute trahison” par le défunt général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah ?

D’aucuns pensaient que l’homme, éprouvé par l’âge (bientôt 84 ans) et une maladie invalidante, a été préservé à la fois de la colère populaire et de la vindicte de ses adversaires dans le sérail. 

Ce n’est peut-être pas le cas, à en croire son frère cadet, qui ne précise, néanmoins, pas le lieu où il est gardé en claustration forcée (à la résidence de Zéralda, à son appartement d’El-Biar ou ailleurs).

Après la chute de leurs régimes respectifs, les  présidents égyptiens Hosni Moubarak et Mohamed Morsi, le  chef de l’État irakien, Saddam Hussein, et son homologue  soudanais, Omar  El-Bachir, pour  ne citer  que ces quatre exemples, ont  comparu devant les  tribunaux  de  leurs  pays  pour  rendre compte de leurs actes.

Il n’en a rien été pour le président algérien, qui a brutalement pris le profil de l’arlésienne : on en entend beaucoup parler, mais on ne le voit jamais. 

Incriminé, dans de multiples procès, par ses deux anciens Premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, ses anciens ministres en détention, par sa fille présumée Zoulikha Chafika Nachinachi, connue sous le nom de Mme Maya, par des hommes d’affaires qui lui étaient proches… Abdelaziz Bouteflika n’a été convoqué ni par un juge instructeur ni par un juge de siège ou le représentant du ministère public.

Pourtant, sa version des faits est capitale pour mieux comprendre ce qui se passait réellement au sommet de l’État pendant ses quatre mandats et les jours qui ont précédé son renoncement au pouvoir.

Il aurait dévoilé quelques-uns des secrets cachés, engagé la responsabilité de commis de l’État épargnés jusqu’alors  par  la  machine  judiciaire, confessé la gestion des affaires du pays  par  procuration  durant  sa  maladie, expliqué ne serait-ce que subrepticement ses tourments avec Ahmed Gaïd Salah. 

L’empêche-t-on de parler et d’ouvrir, par-là même, la boîte de Pandore ? Peut-il vraiment s’exprimer distinctement, considérant qu’il souffrait d’une aphasie après son AVC ? Garde-t-il le silence pour se protéger ? Toutes les options sont envisageables, y compris celle du grand déballage au timing opportun. 
 

Souhila H.

 

 

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