Éditorial

Déficit mémoriel

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Hassane OUALI Publié 22 Janvier 2021 à 23:30

Le rapport Stora sur les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie a soulevé un immense intérêt des deux côtés de la Méditerranée. Sitôt rendues publiques, ses recommandations ont suscité débat, controverses et polémiques. Et tant mieux. Les uns saluent un travail “remarquable” accompli par le meilleur spécialiste de l’histoire de l’Algérie. À l’exception de l’extrême droite qui parle d’un rapport “honteux”. 

Pour d’autres, du côté algérien notamment, les réactions sont aussi partagées que déçues. Mais au-delà de ce que l’on peut penser des préconisations de Benjamin Stora, cette nouvelle séquence du débat mémoriel rappelle une bien triste réalité algérienne. Celle d’un déficit abyssal en matière d’écriture de notre propre histoire et de la prise en charge de la mémoire nationale. Quand l’Algérie forgera-t-elle elle-même son propre et véritable récit mémoriel ? Quand écrira-t-elle elle-même sa propre histoire dans ce qu’elle a de glorieux et de peu glorieux ?

Depuis toujours, nous, Algériens, nous nous sommes enfermés dans une position d’attente puis de réaction. Les rares tentatives sérieuses jetant des éclairages audacieux sur les zones d’ombre de notre passé sont combattues outrageusement. Sinon, l’essentiel de la production en la matière se résume à des postures incantatoires teintées d’un populisme mystificateur.  Laissant ainsi le travail historique et mémoriel aux autres. Non pas par paresse intellectuelle ou manque de compétence nationale. Mais par choix idéologique qui avait pour but d’imposer un roman officiel bâti sur le mensonge et la fabrication de contrevérités historiques. Comme un voile jeté sur des faits majeurs et des figures marquantes. Une écriture stalinienne de l’histoire.

Celle de l’effacement et du remplacement. Un hold-up organisé qui n’a laissé propre aucune parcelle de la mémoire millénaire. De la préhistoire jusqu’à l’histoire contemporaine. Des générations d’Algériens sont convaincues que ce sont les oulémas qui sont à l’origine du déclenchement du 1er Novembre 1954 et de la guerre de Libération. Pour ne citer que cet exemple. Cette farce inlassablement martelée a failli être rééditée en inventant le couple imaginaire de “badissia-novembria”, n’eurent été l’éveil citoyen et la vigilance d’intellectuels. Les usurpateurs sont toujours à l’affût. 

En somme et soixante ans après l’indépendance, il n’est plus acceptable d’attendre les “autres” raconter notre propre histoire. Mais par-dessus tout, il ne faut surtout pas la confier aux “maquisards” d’aujourd’hui. 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00