Conséquence de la dépréciation continue du dinar et de la hausse des prix des matières premières sur le marché international, les prix des produits de première nécessité flambent, à un mois du Ramadhan.
La hausse continue des prix des produits alimentaires depuis plusieurs mois apporte un cinglant démenti au premier argentier du pays et à l’Office national des statistiques (ONS).
La flambée des prix est ressentie par tout le monde sauf par les organismes des statistiques et autres institutions publiques, pour reprendre le constat établi par le Cercle d’action et de réflexion pour l’entreprise (Care). Même le ministère du Commerce a supprimé sur son site la rubrique dédiée à la mercuriale.
Quand bien même les producteurs auraient tenu compte d’un certain nombre de paramètres pour recourir à l’augmentation de leurs tarifs, notamment l’envolée des prix des intrants à l’international, ceux de la logistique, les méfaits de la pandémie, la baisse de la consommation, la dévaluation du dinar…, il n’en demeure pas moins que la hausse ne devrait en aucun cas atteindre de tels niveaux.
La flambée des prix de certains produits de large consommation entamée dès le début janvier 2021 a été mise en application par l’ensemble des commerçants. Lors d’une virée dans des commerces à Kouba et à Aïn Naâdja, l’on a constaté cette augmentation sensible des prix.
C’est le cas des pâtes et des légumes secs. Les prix des pâtes ont augmenté, selon les marques, de 20 à 30 DA entre janvier et le mois de mars en cours. Dans une supérette à Aïn Naâdja, sise au marché de la cité des 720-Logements, le paquet de pâtes d’une marque connue est affiché à 120 DA !
Une autre marque les propose à 80 DA. Or, ces deux produits étaient commercialisés à moitié prix, il y a une année. “Ce sont franchement des augmentations à la fois exagérées et injustifiables”, commente un homme d’un certain âge rencontré sur les lieux. Même topo pour les légumes secs et les produits laitiers, dont la hausse a avoisiné les 20%. L’huile de tournesol non subventionnée a été affichée à 1 000 DA.
Le fardeau de quelques marques d’eau minérale coûte désormais 200 DA, soit une augmentation de 20 DA. D’autres ont connu une hausse entre 10 et 15 DA. Les pois chiches sont vendus à 220 DA, les pois cassés à 120 DA, les haricots à 330 DA, les lentilles à 240 DA.
Des hausses avoisinant les 50%
“Les prix n’ont pas atteint ces niveaux, il y a quelques mois de cela”, reconnaît le commerçant. L’augmentation a touché également l’électroménager à des taux avoisinant les 20%. Les produits agricoles frais ont connu aussi un relèvement allant jusqu’à 50 DA. Le cas le plus édifiant reste indubitablement la pomme de terre dont le prix a enregistré une flambée inattendue.
Le kilogramme est cédé à plus de 70 DA, alors qu’il y a quelques mois, il était commercialisé entre 30 et 40 DA. Ce qui a contraint les responsables concernés à engager des opérations de déstockage de ce produit dans le but de réguler le marché et par là même de faire baisser les prix pratiqués par les marchands.
Si l’augmentation des prix des viandes rouges a été ressentie par les consommateurs, celle des viandes blanches a dépassé tout entendement. Le poulet est affiché à 370 DA le kg, alors qu’il oscillait entre 200 et 300 DA, il y a à peine deux mois.
Cette envolée des prix de la volaille était toutefois attendue, puisque de nombreux producteurs ont arrêté leur activité à cause des effets de la crise sanitaire et de la hausse des prix de l’aliment.
Quant au poisson, il est tout simplement inaccessible pour la majorité des Algériens. Par ailleurs, le kilo de bananes a augmenté pour atteindre jusqu’à 300 DA pendant une semaine avant de baisser à 260 DA.
“Si à quelques semaines du mois de Ramadhan, les prix des produits de large consommation enregistrent déjà une flambée, qu’en sera-t-il durant le mois sacré ?”, s’interroge un citoyen dans une autre supérette à Kouba.
Badreddine KHRIS