Culture Le film de Louiza Benrezzak est disponible en VOD

“Terre Mère” ou la place de la nouvelle génération d’émigrés en France

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Hana MENASRIA Publié 21 Avril 2021 à 00:47

© D.R.
© D.R.

La réalisatrice franco-algérienne Louiza Benrezzak a sorti en 2017 un documentaire qui interroge sur la question identitaire en France. Disponible depuis quelque peu en VOD (vidéo à la demande), Terre Mère est une œuvre de 51 minutes, qui aborde avec finesse et fantaisie l’identité à travers la mort. Loin des stéréotypes auxquels fait face depuis des décennies la communauté issue de l’immigration, cette “enquête” apporte de nouveaux éléments et une nouvelle approche, notamment sur le rapatriement des corps en Algérie. “Avant de disparaître, les morts restent quelque temps parmi nous. Si les vivants circulent au-delà des frontières, les cadavres aussi”, raconte Louiza. Alors, pour embarquer le spectateur dans le voyage ultime de ces Algériens ayant choisi de se faire enterrer sur leur terre, la réalisatrice simule sa propre “mort” et organise ainsi ses funérailles fictives pour partir sur “les traces de mon propre cadavre”. À cet effet, elle “emprunte” un cercueil et se balade avec dans les rues de Paris, pour aller à la rencontre des organisateurs de ses funérailles et d’autres protagonistes issus de la nouvelle génération d’enfants d’immigrés.

Cette démarche permet de lever le voile sur ces “nombreux corps qui parcourent des centaines de kilomètres par avion ou par bateau” pour se faire enterrer ici. Et aussi de découvrir les diverses raisons de cette volonté de retourner au pays ! Sur cette interrogation, la réalisatrice a mené sa petite enquête et révèle ainsi que pour les émigrés décédés, le retour se fait “par coutume, ou par la volonté du défunt que les proches s’efforceront de respecter”. Mais il est également question de disponibilité de carrés musulmans dans les cimetières français ou encore du renouvellement de la concession, dont le coût est excessif pour grand nombre de ces personnes aux revenus modestes. En évoquant cette thématique, quel est le rapport avec la question identitaire ? En fait, Louiza Benrezzak utilise le rapatriement comme toile de fond, car “je me pose la question qui, au-delà de la mort, est aussi celle de mon identité : sur quelle terre vais-je choisir de me faire enterrer ? Quel bout de terre m’accueillera ?”. Dans un entretien accordé à Liberté, elle avait indiqué avoir “choisi la mort pour éviter toutes les questions de classe sociale et de religion. J’avais l’impression que nous étions pollués et qu’on nous ramenait toujours aux mêmes histoires que celles de la génération précédente, celle de nos parents”.

La réalisatrice a expliqué à ce sujet : “Je ne voulais pas faire un reportage sur les émigrés vieillissants, mais mettre en avant un autre dispositif. Je voulais sortir du lot, pas seulement dans le fond, mais aussi dans la forme. À cet effet, je me suis rendu compte qu’il fallait mettre en scène une touche fictive comme celle de mes funérailles.” Et à travers ce film, elle voulait “déconstruire” les préjugés et susciter le débat. Pour rappel, Terre Mère a été projeté dans des festivals en Algérie et a fait l’objet d’une rencontre au Canada sur les questions migratoires. 

H. M.

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