
Quelques jours après son arrivée à la tête de l’État, en décembre 2019, Abdelmadjid Tebboune avait laissé entendre qu’il n’envisageait pas de créer un parti politique. Mais près de deux ans plus tard, l’idée de s’appuyer sur une nouvelle formation qui sera lancée essentiellement par des députés indépendants semble faire son chemin.
À se fier aux propos du chef du groupe parlementaire des indépendants au sein de la Chambre basse du Parlement, l’ex-maire de Tizi Ouzou Abdelouahab Aït-Menguellet, un parti politique verra le jour après les élections locales du 27 novembre prochain.
Si le député de Tizi Ouzou ne précise pas clairement la nature de la tendance de cette nouvelle formation politique en gestation, le soutien au chef de l’État ne fait quasiment aucun doute et semble constituer son principal credo.
Abdelouahab Aït-Menguellet, qui s’est exprimé dans les médias lors de la cérémonie d’ouverture de la session d’automne du Parlement, n’a, cependant, fourni aucun détail. Il s’est seulement contenté d’indiquer que des listes indépendantes seront constituées lors des prochaines élections locales, avant la mise sur les rails de la nouvelle formation politique.
Ce projet, du reste prévisible compte tenu du score obtenu par les indépendants, vise-t-il à créer un cadre pour accompagner le programme présidentiel et, partant, constituer une base politique au chef de l’État ou l’ébauche d’une nouvelle formation qui aura à suppléer les soutiens traditionnels du pouvoir dont la crédibilité est abîmée auprès de l’opinion ?
Peu ou prou connu du grand public, l’ancien P/APC de la ville de Tizi Ouzou a été propulsé sur le devant de la scène politique en juillet dernier. À la surprise générale, c’est lui que le chef de l’État avait reçu, au nom des indépendants, à la présidence de la République, dans le cadre de ses consultations pour la formation du gouvernement.
Dès lors, des spéculations ont surgi sur son éventuelle nomination en tant que ministre. Vœu pieux. Mais l’enfant d’Ighil Bouammas ne disparaît pas pour autant de la scène politique. C’est lui qui présidera la première séance plénière de l’APN durant laquelle le mandat des députés a été confirmé.
Certes, ce choix a été imposé par l’âge, vu qu’il est le doyen des députés. Mais la suite des événements suggérait que l’entourage du chef de l’État préparait l’homme à une nouvelle mission. En effet, il a été désigné, sans aucune opposition, comme chef du groupe parlementaire des indépendants qui compte 78 membres.
A priori, la constitution d’un nouveau parti politique aura pour première mission de soutenir l’action du chef de l’État. D’autant qu’Abdelmadjid Tebboune, officiellement élu en tant que candidat indépendant, n’avait pas reçu le soutien direct des partis du pouvoir.
Malgré leur soutien sur le tard à Abdelmadjid Tebboune, le FLN et le RND peinent à se faire accepter, d’une part, en raison de leur discrédit, devenant des soutiens encombrants et, d’autre part, pour avoir soutenu Azzedine Mihoubi, son concurrent lors de la Présidentielle de 2019.
Outre qu’ils ont été boudés lors des premières consultations, mais même lors de la composition de l’actuelle équipe gouvernementale, les deux partis, pourtant arrivés respectivement premier et troisième en termes de nombre de députés, n’ont bénéficié que de quelques portefeuilles.
Abdelmadjid Tebboune, qui a dû prendre la mesure de la déconfiture de ces deux partis, a, dès sa prise de fonction, montré son penchant pour la société civile dans l’espoir de se constituer une base politique pour l’aider dans la réalisation de ses projets sur le terrain d’autant qu’il était handicapé par les circonstances ayant entouré son élection.
Un choix qui ne semble pas suffire d’où probablement l’idée de créer une formation politique “présidentielle” qui aura à soutenir son action et son programme. Si les contours de ce projet demeurent vagues, tout indique, cependant, que le futur parti politique servira de béquille à Abdelmadjid Tebboune.
Mais ni le temps ni les moyens ne semblent pour l’heure à la disposition de ses initiateurs pour lancer le chantier dans l’immédiat. Outre des députés, il aura déjà dans ses rangs probablement des sénateurs issus des collectivités locales.
Ali BOUKHLEF